Point de vue / Nautic, réactions à chaud sur un rendez-vous de la plaisance en demi-teinte

Le hall bateau à moteur du Nautic 2018

Le Nautic 2018 a fermé ses portes dimanche 16 décembre. Avant les chiffres officiels, BoatIndustry partage avec ses lecteurs son analyse et les échos reçus des exposants et visiteurs sur la fréquentation, l'atmosphère et la qualité du salon parisien de la plaisance, avec un esprit le plus objectif et constructif possible.

Visiteurs au Nautic : entre soulagement et morosité

L'ouverture du Nautic 2018 était évidemment marquée par les inquiétudes liées au mouvement des gilets jaunes. Tandis que beaucoup craignaient des allées vides lors du premier samedi du salon, l'affluence fut certes faible pour un week-end, mais pas catastrophique, malgré les difficultés d'accès à la porte de Versailles, conséquences de nombreux métros fermés. Etre l'un des seuls sites touristiques ouverts dans Paris le 8 décembre était sûrement un atout.

Ce relatif succès du premier jour ne doit pas cacher la réalité de la semaine. Il était toujours aisé de circuler dans les allées, mais aussi de visiter les bateaux. Nous en avons fait l'essai incognito. S'il faut le plus souvent montrer patte blanche, et surtout laisser son adresse mail à des fins marketing, la prise de rendez-vous est surtout théorique. Elle est loin l'époque des années 2000 où il fallait arriver tôt pour espérer visiter les nouveautés. On peut désormais monter à bord au plus tard dans l'heure suivante.

Dans la dernière vidéo officielle du salon, tournée le dimanche de la fermeture, le directeur général de Nautic Festival, Alain Pichavant, anticipait déjà une baisse de fréquentation. "Le Nautic 2018 ne s'est pas si mal passé que ça, puisque malgré une conjoncture qui n'était pas simple [...] nos visiteurs ont bien été au rendez-vous. On va sans doute avoir moins de visiteurs que l'an passé, mais ça a l'air d'être une bonne édition."

De grands chantiers navals absents

Un salon nautique est le lieu de rencontre entre les chantiers navals et les plaisanciers. Pour que ces derniers se déplacent, les premiers doivent être là.

L'absence de chantiers navals importants, à l'image de toutes les marques du groupe Hanse, qu'il s'agisse des voiliers ou des bateaux à moteur, et la réduction de la présence de nombreux autres à des comptoirs présentant des vidéos et des maquettes, rappellent tristement cette réalité.

Face à cela, il faut remplir l'espace. Un grand stand de vente de barbecues et de mobilier de jardin, au cœur de l'espace voile ou un terrain de pétanque dans le hall des équipementiers en sont l'illustration.

Retrouver la variété de la plaisance

Un proche, qui visitait le salon pour la première fois depuis 10 ans, m'a fait part de sa surprise face au rétrécissement du Nautic. Il cherchait désespérément les petits voiliers habitables qu'il a l'habitude de regarder sur les plans d'eau.

Comment faire du salon nautique de Paris le reflet de la variété de la flotte de plaisance? Les petits constructeurs de bateaux sont souvent le parent pauvre du salon face aux grands fabricants. " Je commande un stand d'une certaine profondeur et au final je ne l'ai pas. Il n'y a pas la longueur pour mes bateaux ! " témoigne l'un deux, tandis qu'un autre se retrouve coincé entre 2 cloisons.

Dynamisme, animation et modernité

Depuis la reprise du Nautic par la Fédération des Industries Nautiques, de nombreuses initiatives ont été prises pour rendre le salon plus vivant, plus proche des événements festifs que sont les rendez-vous nautiques à l'étranger. Le contexte social n'aide pas, mais il est probablement possible de rendre ces initiatives plus visibles.

Les professionnels, qui doivent être les instigateurs de cette fête doivent retrouver l'envie de venir. La tenue d'événements conviviaux BtoB en dehors des heures d'ouverture devrait probablement être encouragé et non rendu payant. Quand les stands des principaux constructeurs, massifs, fermés et intimidants, occupent le centre des halls, les bateaux électriques, les dériveurs à foil ou les jolis bateaux à moteur anciens sont relégués en périphérie, au lieu d'aiguiser la curiosité de tous, au cœur de la fête.

C'est l'intérêt de toute la filière nautique française que le Nautic reste un événement majeur et ne devienne pas un salon régional. Si le constat de la situation est dur, nous avons tenté de donner des pistes. Le secteur reste dynamique comme en témoigneront les articles à venir, glanés dans les allées du salon.

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