AeolDrive et Solid Sail : La filière nautique embarque pour le gréement géant

Futur prototype à l'échelle 1 de la Solid Sail

Les Chantiers de l'Atlantique ont présenté leur projet de navires à propulsion vélique. A cette occasion, de nombreuses entreprises du nautisme participent au projet. Du mât aux systèmes de gestion des voiles, celles-ci s'ouvrent à un nouveau marché tout en finançant des développements qui pourront être utiles à la plaisance.

Un gréement géant pour les navires commerciaux

A l'occasion d'une conférence de presse, les Chantiers de l'Atlantique ont présenté en grande pompe l'avancement de leur projet de système de propulsion vélique pour les paquebots et navires de commerce. La solution développée par le chantier nazairien est pilotée par l'ingénieur et ancien navigateur Nicolas Abiven. Elle allie une voile composée de panneaux rigides se pliant en accordéon lors de l'affalage baptisée Solid Sail et un mât de 80 mètres pouvant basculer à 70° pour le passage sous les ponts, intitulé AeolDrive.

Après de premiers tests de la voile à échelle réduite, notamment à bord de l'IMOCA de Jean Le Cam et sur une maquette à terre à Saint-Nazaire, le projet va franchir un nouveau cap. Un premier démonstrateur de 25 mètres comprenant l'ensemble du système de gréement et de voilure sera installé à terre dès l'été 2021 pour un test durant l'hiver 2022, avant les essais à terre de la version de 80 mètres, à échelle 1. "Si les essais du 1er démonstrateur sont concluants, nous entamerons la commercialisation des navires dès 2022. Nos partenaires sont déjà dans la réflexion sur la production de série" indique Laurent Castaing, directeur des Chantiers de l'Atlantique.

Le concept de paquebot SilenSeas intègre les gréements Aeol Drive et la Solid Sail
Le concept de paquebot SilenSeas intègre les gréements Aeol Drive et la Solid Sail

Un consortium nautique pour la production du mât et des voiles

Pour mener à bien son projet, les Chantiers de l'Atlantique se sont tournés vers la filière de la plaisance et de la course au large. Les panneaux des voiles seront réalisés par le chantier vannetais Multiplast. Il sera associé en consortium avec CDK Technologies, Lorima, Avel Robotics et SMM technologies pour la fabrication du mât, réalisés en tronçons de 24 mètres, manchonnés. "Dans la course au large, on a cette maîtrise des matériaux composites et on a également cette habitude de travailler ensemble. On le sait moins, mais les grands trimarans d'Armel Le Cléach ou de François Gabart sont bien souvent fabriqués avec une coque centrale faite dans chantier, les flotteurs dans un autre et les bras dans un autre. Dans le projet des trimarans Mod70, on avait déjà créé ce consortium pour, à plusieurs, fabriqués ces bateaux." explique Yann Penfornis, dirigeant de Multiplast. "Un mât, ça représente 8 bateaux du Vendée Globe en terme de masse de carbone."

Les robots de drapage d'Avel Robotics permettront une bonne maitrise de la géométrie des manchons des mâts Aeol Drive
Les robots de drapage d'Avel Robotics permettront une bonne maitrise de la géométrie des manchons des mâts Aeol Drive

Si l'innovation réside dans le développement, les outils industriels existant permettent la réalisation des pièces. "Chez Multiplast, on a de très grands fours qui nous permettent de cuire des morceaux de voiles sans investissement particulier. Un élément de bas de voile fera 20 mètres de long par 6 mètres de large et un IMOCA fait 18,50 m et les bateaux font autour de 6 mètres de large" précise Yann Penfornis.

Une réflexion utile sur la durabilité des pièces

Parmi les autres partenaires du projet, on retrouve le bureau d'études Gsea Design ou le spécialiste de l'instrumentation Pixel Sur Mer, l'électronicien Ocean Data System, la corderie Lancelin, le gréeur Blew Stoub. Les accastilleurs embarquent également. Le groupe Wichard, propriétaire de Lorima, est également impliqué à travers ses marques d'enrouleurs Profurl et Facnor. Son directeur Jean-Claude Ibos, souligne l'intérêt du travail sur la durabilité exigée pour 30 ans, dont les enseignements pourraient bénéficier en retour à la plaisance. "Ce n'est pas tant la durabilité mécanique, parce que les aciers, on sait comment cela fonctionne pour cela, mais c'est plus sur la corrosion qui peut arriver selon les endroits où l'on va naviguer. Et dans le temps, il faut trouver les bonnes solutions. Et trouver, associé à cela les contrats de maintenance pour pouvoir maintenir dans le temps les équipements."

Affalage de la Solid Sail
Affalage de la Solid Sail

Si un paquebot de 200 mètres de long peut sembler loin de la plaisance, on voit que les deux filières devraient bénéficier dans les années à venir d'échanges fructueux.

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