Déconstruction des bateaux de plaisance : Point d'étape et objectifs d'ici 2023

1er bilan de la filière de déconstruction des bateaux de plaisance depuis son lancement officiel au Nautic 2019

La filière de déconstruction des bateaux de plaisance a été lancée officiellement en septembre 2019. Jean-Paul Chapeleau, président de l'APER, organisme en charge de son fonctionnement, fait le point avec BoatIndustry sur les leçons des 1ères années et liste les objectifs futurs.

Un rythme de déconstruction des bateaux ré-évalué

L'APER, Association pour la Plaisance Eco-Responsable, a été créée en février 2009 pour préparer l'arrivée d'une filière de déconstruction des bateaux de plaisance. Depuis septembre 2019, elle pilote le processus national de recyclage et de traitement des bateaux cessant de naviguer. Après un an et demi d'existence, le système est bien en place. Entre son lancement et fin mai 2021, il avait permis de déconstruire 2500 bateaux, dont 800 monocoques à moteur, 738 voiliers, 750 dériveurs et une centaine de semi-rigides. Si ces chiffres sont très inférieurs aux objectifs annoncés lors de la création de la filière, ses responsables l'expliquent par l'étude initiale, très théorique. "C'était un calcul sur la base des immatriculations des Affaires Maritimes et d'une durée de vie moyenne des bateaux. Cela ne colle pas au terrain. La demande est très en deçà de ce que l'on imaginait. Aujourd'hui, ce qui est important est que toute personne en France qui le souhaite a une solution de déconstruction. Il s'agit de la première filière au monde. On répond à toutes les demandes à ce jour. Pour un plaisancier, la démarche est simple : il lui suffit de se rendre sur le site de l'APER (www.recyclermonbateau.fr) et de se laisser guider. Les 20 000 bateaux se feront, mais en plus de temps", souligne Jean-Paul Chapeleau, président de l'APER.

Déconstruction de bateau de plaisance
Déconstruction de bateau de plaisance

Seulement 25% de la masse des bateaux non valorisée

La traçabilité des déchets exigée par le Ministère de l'Environnement permet à l'APER de connaître le devenir des anciens bateaux. Sur la masse complète, d'une embarcation de plaisance, environ 65% est composée de matériaux composites. 60% de ceux-ci sont valorisés en CSR (combustible solide de récupération) utilisé pour produire de l'énergie. 40% reste stocké ou incinéré. Le bois est transformé à 50% en panneaux bois agglomérés et à 50% en CSR. Les métaux sont recyclés à 100%. Les équipements électroniques, batteries et hydrocarbures sont directement renvoyés vers leurs propres filières de recyclage.

S'il reste préférable à l'enfouissement, le CSR n'est pas un débouché satisfaisant pour les composites. Heureusement, l'APER indique travailler avec les autres secteurs de l'automobile, de l'éolien et de l'aéronautique pour avancer sur le recyclage. "Notre groupe de travail avance. Un guide doit paraître en 2022 pour recenser les flux de matières, les solutions technologiques de recyclage et leur coût économique. L'objectif est de définir collectivement les voies intéressantes et orienter les volumes de déchets vers les entreprises en capacité de recycler et faire ainsi émerger de vraies filières. On travaille aussi avec des entreprises comme Batho, qui redonne une vie à terre comme hébergement aux bateaux ou Captain Chercheur avec lequel nous avons signé un partenariat afin qu'il propose aux plaisanciers qui font déconstruire leur bateau de leur racheter des pièces qui puissent servir de rechange" explique le président de l'APER.

Les épaves sans propriétaire sont un des défis auxquels s'attelle l'APER.
Les épaves sans propriétaire sont un des défis auxquels s'attelle l'APER.

Financer la future prise en charge du transport

L'APER a lancé un appel d'offre pour la nouvelle période 2022-2023, au cours de laquelle elle souhaite étendre le réseau des déconstructeurs agréés. "On a aujourd'hui 26 centres opérationnels. Notre objectif est de compléter le maillage territorial pour atteindre 45 sites en Métropole et Outre-Mer" indique Jean-Paul Chapeleau.

Si le financement de ces centres au rythme actuel n'est pas un problème, il pourrait le devenir avec un nouvel élément à venir : la prise en charge du transport du bateau vers le site de déconstruction, aujourd'hui à la charge du plaisancier propriétaire. "Ce sera obligatoire à compter de 2023, ce qui va changer notre équilibre économique, avec un quasi doublement du coût. Pour cela, on a besoin du soutien de l'Etat, avec une augmentation de la quote-part du DAFN (Droit de francisation) attribuée à la déconstruction, qui peut aller jusqu'à 5% dans le cadre de la loi. Nous réfléchissons à anticiper cette prise en charge en fonction de ce qu'il attribuera à la filière REP dans le projet de loi de finance 2022. L'éco-contribution des acteurs augmente également. Elle a augmenté de 70% depuis 2019" note le président de l'APER. L'association souhaite aussi toucher les 15% de metteurs sur le marché non encore adhérent.

Des freins administratifs à lever

Pour continuer à monter en puissance, l'APER a identifié plusieurs difficultés. Elle demande à l'Etat d'accélérer les agréments ICPE des centres de déconstruction et d'en diminuer le coût. Elle souhaite aussi une simplification de la gestion administrative de la récupération des épaves abandonnées sur le littoral. Pour les professionnels du nautisme qui ne savent pas comment se débarrasser des bateaux abandonnés dans leur chantier par d'anciens client, la fédération des industries nautiques a développé un service sur mesure pour obtenir les autorisations judiciaires nécessaires.

Plus d'articles sur le thème
Réagir à cet article
Ajouter un commentaire...