Interview / Le groupe North Sails choisit Vannes pour son pôle R&D mondial

Gautier Sergent, responsable du pôle R&D de North Sails

La voilerie North Sails va ouvrir à Vannes un pôle R&D unique pour l'ensemble du groupe. Gautier Sergent, qui va en prendre la responsabilité, explique à BoatIndustry ses objectifs et sa philosophie, qui peut dépasser le milieu des voiliers

Vous allez prendre le 1er octobre 2017 la direction du pôle R&D de North Sails à Vannes. Pouvez-vous nous présenter le parcours qui vous a mené à cette responsabilité ?

Gautier Sergent : A la suite d'études d'ingénieur en France, je suis parti en stage de fin d'études chez North Sails en Nouvelle-Zélande en 1999. A l'aube de la Coupe de l'America 2000, les équipes y étaient bien occupées et j'ai donc pu apporter une aide utile, ce qui m'a mis le pied à l'étrier. J'ai été embauché à la voilerie tout en menant en parallèle un Master à l'Université d'Auckland dans le Yacht Research Unit. J'ai ensuite travaillé au développement de logiciels de CFD, puis je suis passé dessinateur.

En 2010, j'ai regagné la France pour travailler sur le projet de Groupama sur la Volvo Ocean Race. A cette occasion, j'ai rencontré de nombreux marins de l'équipage qui avaient aussi chacun leurs équipes, comme Thomas Coville. Nous avons noué de bonnes relations et je suis resté en France m'occuper des projets IMOCA et Ultimes.

En 2014, j'ai pris la direction des usines 3D du groupe North Sails à Minden aux USA et au Sri-Lanka. Arrivé au bout des 3 ans que nous nous étions fixés comme minimum à ce poste, nous avons vu avec la direction que mon profil et mes attentes correspondaient au nouveau projet de développement de la R&D au sein du groupe. Au 1er octobre 2017, je vais donc prendre la direction du nouveau pôle R&D.

Comment fonctionnait la R&D chez North Sails jusqu'à maintenant et pour quelles raisons créez-vous ce pôle R&D ?

GS : La R&D existait bien sûr avant le pôle. Elle fait même partie des caractéristiques de North Sails, mais jusqu'à maintenant elle était explosée dans toutes les entités du groupe. Il ne s'agissait jamais du projet principal de la personne en charge, ce qui pouvait ralentir le processus. De plus, elle n'était pas toujours pensée pour tous les marchés et les informations étaient dispersées.

Désormais, je vais être en charge de structurer et coordonner les efforts de R&D de North Sails au niveau mondial. Grâce au pôle R&D, nous pourrons rationaliser et rendre les efforts de recherche le plus efficace possible. Dans un premier temps, je souhaite établir un état des lieux des projets et de l'historique de R&D de North Sails. De là, nous pourrons établir un plan d'attaque sur 5 ans et estimer les besoins en personnel et en budget. L'objectif à terme serait d'embaucher 3 à 4 personnes.

Quels sont les principaux axes de R&D que vous envisagez ?

GS : Même si les sujets vont s'affiner avec l'état des lieux évoqué, plusieurs thématiques de recherche sont déjà envisagées. Il y aura évidemment du développement de logiciels en CFD. Nous travaillerons également à simplifier et intégrer au maximum, voire faire disparaître les finitions des voiles, comme les sangles. Nous allons réfléchir également à l'intégration de l'ensemble mât-voile, probablement avec Southern Spars qui fait partie du même groupe que North Sails. L'électronique et l'acquisition de données sont aussi un enjeu majeur pour mieux comprendre le comportement dynamique des voiles et le prendre en compte dans les protocoles d'essai physique et la simulation en laboratoire des voiles.

Nous assisterons également au développement produit, pour permettre au 3Di de couvrir tous les types de navigation à la voile. Avec le Nordac 3Di, nous avons fait un pas en utilisant le dacron. Nous allons travailler à voir les possibilités pour marier les fibres polyester avec l'aramide, le dyneema ou le carbone, pour tirer les meilleures caractéristiques de chacune.

Quelle est la raison qui a conduit North Sails à choisir la France pour installer son pôle R&D ?

GS : Le marché français est l'un des moins frileux. Les projets que l'on peut trouver entre Lorient, Port-La-Forêt et la Trinité sont excitants et les français n'ont pas peur d'investir dans la technologie.

D'autre part, avec le crédit d'impôt recherche, il est possible de ramener le coût du personnel au niveau d'autres pays. Parmi les embauches du pôle R&D, il y aura sûrement une personne en charge de la gestion des partenariats avec les universités, les entreprises et des bourses de thèse.

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