Interview / Alubat : "Il faut continuer à améliorer le mode de production des bateaux"

Luc Jurien, nouveau directeur général d'Alubat

Le nouveau directeur général d'Alubat, Luc Jurien, nous en dit plus sur son parcours et ses projets pour le constructeur de voiliers en aluminium, tant pour la gamme Ovni que les derniers développements annoncés par son prédécesseur.

Arrivé à la tête d'Alubat le 10 octobre 2021, Luc Jurien, nouveau directeur général d'Alubat répond aux questions de BoatIndustry.

Quel parcours vous a amené aujourd'hui à la tête du chantier naval Alubat ?

J'ai un parcours d'ingénieur, avec une formation généraliste et une spécialité en chargé d'affaires et gestion de projet génie électrique. J'ai passé une dizaine d'années dans l'industrie chez Cegelec et Assystem sur des projets de bâtiments, au Caîre ou l'extension de l'aéroport de Roissy par exemple. En parallèle, j'ai toujours eu un pied dans le nautisme, en navigant avec mes parents qui faisaient du charter sur une voilier dériveur intégral de 75 pieds, le Sérénité, avec lequel ils tournaient partout dans le monde. C'est là que j'ai commencé à naviguer sur de gros bateaux d'expédition. Après les 10 ans d'industrie, j'ai eu fait un tour du monde en 2 ans avec ma femme sur un maracudja de chez Garcia, le Tiamanga, via le Cap Horn. On a fait un peu de charter pour faire bouillir la marmite, mais au total, plus de 30% de navigation pure. De retour en France, j'ai travaillé dans une PME entre 2008 et 2012, AMDP, comme directeur technique et commercial. Nous faisions de l'outillage et des machines spéciales pour l'aéronautique et l'automobile. Fin 2009, nous avons racheté un Ovni 56. Le chantier de refit-reconstruction a duré 3 ans. On a ajouté un poste de veille, refait l'aménagement, fermé le cockpit arrière. Ensuite nous avons fait du charter d'expédition en famille pendant 8 ans, principalement dans le Pacifique, au sud, en Alaska et au Canada. Nous nous sommes arrêtés un an à Vancouver entre septembre 2019 et 2020, pour donner plus de stabilité à la demande de notre fille aînée. J'y travaillais pour Blue Water Rigging qui faisait de l'entretien et du commissioning de bateaux. Nous avons finalement décidé de rentrer en France, après un an, où la vie au port avec l'école à bord était devenue pesante pour ma famille, et sommes arrivés en juillet 2021.

Voilier Bulle, Ovni 56 sur lequel Luc Jurien voyageait en famille
Voilier Bulle, Ovni 56 sur lequel Luc Jurien voyageait en famille

Et pourquoi arriver chez Alubat ?

L'idée avait murie en finissant nos navigations. J'ai fait 10 ans en entreprise et 10 ans sur l'eau. J'avais envie d'allier les deux professionnellement. J'ai commencé à prendre des contacts avant le retour soit pour une reprise d'entreprise ou un projet comme salarié dans le domaine. J'ai rencontré des gens dans l'été et au salon de Cannes. Je n'avais pas très envie de composite et j'avais vraiment ciblé sur l'alu et le voyage. J'ai rencontré Michel Berson (NDLR : le président d'Alubat) et il y a eu l'occasion de cette passation avec Hakim Rahmoun qui souhaitait partir pour raisons personnelles.

Quelle est votre feuille de route pour Alubat ?

Je m'inscris dans la continuité de ce qu'a fait Hakim pour le chantier. Alubat a repris de belle manière avec un carnet de commande bien rempli. L'Ovni 370 est bien parti. Il y a quelques projets dont certains ont déjà été évoqués comme la relance de la collaboration avec Finot sur le Cigale 15. On va essayer de continuer le développement, notamment pour produire mieux. Il y a déjà eu un pas de fait, mais on peut continuer. On a la chance d'avoir des propriétaires fidèles à la marque qui nous font des retours pour améliorer les bateaux.

La relance de la gamme Cigale reste au programme
La relance de la gamme Cigale reste au programme

Industriellement, quelle est la production d'Alubat ? Quels sont les objectifs et êtes vous impactés par les hausses de prix de l'aluminium ?

Aujourd'hui, nous avons 47 salariés et produisons environ 12 bateaux par an plus l'activité de refit. J'insiste sur celle-ci pour souligner que les gens peuvent donner une 2ème jeunesse à leur bateau. On n'est pas dans l'obsolescence programmée. Ensuite, le problème en ce moment est général avec des délais qui s'allongent. Aujourd'hui, nous sommes à des livraisons début 2024. L'idée est de trouver des solutions, par l'embauche et en améliorant le mode de production. Quant au coût de l'aluminium, on sera amené à augmenter à la marge le prix des bateaux, mais l'aluminium n'est pas si significatif sur le prix du bateau fini, il y a aussi la main d'œuvre et les équipements. On semble arrivé à un palier. La question est de savoir quand cela va redescendre.

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