Du projet d'étude à la construction d'un voilier écologique
La naissance du Virgin Mojito, le nouveau voilier du chantier IDB Marine, est le fruit de rencontres et de concours de circonstances. Irvin Kersuzan, étudiant en construction navale, prend contact avec le chantier finistérien pour lui soumettre un projet d'étude autour des biocomposites. Il est alors convenu de réaliser quelques pièces d'un voilier à partir de ces matériaux d'origine naturelle. Mais lorsque la discussion est ouverte avec le futur propriétaire du bateau, celui-ci s'avère avoir rencontré peu avant Roland Jourdain, le skipper-fondateur de Kaïros pionnier des biocomposites dans le nautisme. Il propose alors de réaliser le bateau entièrement à base de biocomposites. La décision est actée. "C'est le genre de concours de circonstances qu'il faut savoir saisir" se réjouit Denis Bourbigot, dirigeant d'IDB Marine.

Intérieur du Virgin Mojito
Minimiser le bilan carbone du bateau
Le choix des matériaux utilisés a été guidé par la volonté de limiter le bilan carbone de la construction du bateau. Le nouvel échantillonnage a été validé avec la société Kaïros. La fibre de verre a été entièrement remplacée par de la fibre de lin dans le pont, la coque et la structure, hormis dans les zones soumises à l'arrachement, comme le renfort de quille ou les cadènes de mât. Les âmes de sandwich en feutre ont été remplacées par du liège tandis que la mousse PVC est substituée par du PET recyclé. Une résine traditionnelle a été utilisée. "On connaît bien et l'on maîtrise bien son comportement. Les résines biosourcées ne le sont qu'à 30%. C'est encore un peu tôt pour que cela vaille la peine. Ce qui nous intéresse, c'est le bilan carbone global. Le lin et le liège, on sait qu'ils sont produits en France et en Europe, qu'il faut 10 fois plus d'énergie pour fabriquer la fibre de verre que le lin. Quant à la mousse, le PVC est nettement plus nocif en fabrication que le PET" explique Denis Bourbigot.

Drapage de la coque en lin du Virgin Mojito
Des fibres naturelles plus agréables pour les opérateurs
L'intérêt de l'environnement est aussi celui des employés du chantier IDB Marine. La bonne surprise pour les équipes du constructeur de voiliers est le gain de confort de travail. "Le matériau se travaille bien et c'est vraiment différent au niveau des poussières. Les fibres sont naturelles et quand tu meules, ça n'est pas allergisant" note Denis Bourbigot.
Des différences de prix et de poids très acceptables
Si l'aspect écologique est peu contestable, il faut qu'il soit supportable techniquement et économiquement par le plaisancier. Le Virgin Mojito pèse 150 kg de plus que son cousin en fibres de verre, soit une différence de 6% pour un bateau qui pèse 2,6 T. La différence de prix est de 3000€ par rapport au voilier standard au prix catalogue de 104 000€, soit environ 3%. Désormais proposée en option, la construction en biocomposite du Virgin Mojito ouvre une porte intéressante au développement d'un nautisme plus responsable.