Le calendrier des salons nautiques d'automne réduit à peau de chagrin
Après l'annulation des salons de printemps suite à l'apparition de l'épidémie de Covid-19, les inquiétudes sanitaires semblent avoir raison des rendez-vous nautiques de l'automne. La rentrée de la plaisance n'aura pas lieu au Cannes Yachting Festival annulé le 21 août et la tenue du Grand Pavois interroge. Gênes fait figure de rescapé sur la façade méditerranéenne. Plus discrets que les chantiers constructeurs, les équipementiers et motoristes sont également affectés par la situation. Nous les avons interrogé sur ses conséquences et leurs stratégies face au marché.
Des enjeux d'image
Lieu de représentation, à vocation international, le Cannes Yachting Festival est pour les équipementiers une fenêtre de visibilité importante. "Au niveau de Raymarine, Cannes est devenu un salon réellement international pour toutes les filiales" explique Roger Desbois responsable de la filiale France de la marque d'électronique marine. "On avait prévu un petit stand pour être présents. C'est important vis-à-vis de nos clients, qu'il s'agisse des professionnels ou des plaisanciers" confirme Parick Leroux du motoriste inboard Cummins.
Chez le spécialiste du hors-bord Suzuki, la décision de se désister pour des raisons sanitaires avait déjà été imposée par le groupe japonais quelques semaines avant. "Il était difficile de faire venir les présidents depuis le Japon avec les restrictions de voyage. On avait en revanche gardé les partenariats sur la motorisation des passerelles ouvrantes ou l'exposition de moteurs" témoigne Nathalie Geslin, en charge de la communication de la marque en France.
Inquiétudes pour les constructeurs de bateaux
Le marché de la 1ère monte cristallise l'inquiétude des équipementiers interrogés. "Aujourd'hui, le principal impact du Covid est sur les chantiers qui ont arrêté de nous commander du matériel. En revanche, en aftermarket, on a presque rattrapé le retard du confinement sur juin et juillet ! Cannes aurait été un indicateur pour que les chantiers relancent leur production. La crainte est qu'en l'absence d'indicateur, ils soient dans une position de repli. Si les acheteurs attendent Düsseldorf en janvier, la reprise du business va reculer" s'inquiète Roger Desbois. "Comment les chantiers vont-ils réussir à vendre des gros bateaux de plus de 40 pieds sans que les clients puissent en visiter en salon" s'interroge Patrick Leroux, dont 95 % des moteurs sont vendus directement aux constructeurs. "On va continuer à suivre les chantiers, comme partenaires dans leurs week-end VIP".
De la communication virtuelle, mais pas que…
Face à la situation, chacun imagine son mode de fonctionnement. "C'est toujours compliqué de faire sans les salons, mais on a déjà su s'adapter certaines années" indique Antoine Thoreau de l'équipementier Kent Marine qui devait avoir son propre stand à Port Canto et rayonner sur ceux de fournisseurs comme Quick ou SidePower. "On va s'appuyer sur nos liens directs avec nos clients, utiliser des emailing, le web et les réseaux sociaux, couplés à des actions de terrain pour promouvoir nos nouvelles gammes de produits."
"On a su s'adapter dans l'automobile lorsque l'on a lancé une nouvelle voiture juste après le confinement. On saura le faire pour notre nouveau hors-bord 140 CV, avec de petites opérations régionales. Pareil pour la convention des distributeurs et la presse, en faisant plusieurs événements plus petits. On va également s'appuyer sur nos partenariats avec Tara, Jérémie Beyou et Michel Desjoyeaux pour la communication" explique notre interlocutrice chez Suzuki Marine.
Cummins envisage également des opérations de promotion. "Il va falloir inciter les gens à faire l'entretien de leur bateau. Cela passera par de l'incentive marketing pour soutenir les agents, car l'hiver risque d'être long" note Patrick Leroux.
