D'Energy Observer à EODev
Lancé en avril 2017, le catamaran Energy Observer s'était donné pour mission de démontrer l'intérêt de la pile à combustible hydrogène pour l'énergie et la propulsion des bateaux. Le succès de ses navigations a donné naissance à Energy Observer Development (EODev), dans le but d'ouvrir ces solutions au grand public. La société emploie aujourd'hui 40 personnes. "Notre but est de partir des solutions d'Energy Observer pour les industrialiser et pouvoir les produire, les maintenir et assurer le SAV. On a travaillé avec Toyota sur leurs piles avec lesquels il y a des composants identiques, et l'on a apporté la marinisation et la gestion. Par exemple, parmi les principaux ennemis il y a la pollution de l'air dans les ports qui nuisent au fonctionnement" explique Jérémie Lagarrigue, directeur général d'EODev.

Retrofit de propulsion de bateaux et changement de groupes électrogènes
Si la communication d'EODev dans la plaisance s'appuie sur le lancement du prototype Hynova40, un bateau neuf équipé du REXH2, l'entreprise voit dans un premier temps son développement principalement dans le retrofit de bateaux existants en hybride hydrogène électrique ou le remplacement de groupes électrogènes diesel. "On veut proposer aux utilisateurs de modifier leur installation moteur ou leur générateur pour passer à l'hydrogène. Aujourd'hui, les demandes proviennent principalement du yachting. Jusqu'à 30 à 40 mètres, on peut faire de l'hybride hydrogène électrique en propulsion et au-delà de 40 mètres, avant tout les auxiliaires. Le range extender REXH2 peut s'appliquer du tender au dayboat comme on l'a démontré avec Hynova" indique Jérémie Lagarrigue. La pile REXH2 pèse 300 kg hors chassis pour une puissance de 100 kW, couplables en série jusqu'à 1 MW.

L'hydrogène mature pour la plaisance
Lorsqu'on l'interroge sur la maturité de la technologie et la disponibilité des stations de recharge hydrogène, le directeur général d'EODev montre une conviction sans faille. "La technologie de l'hydrogène gazeux pose des problèmes de stockage pour les grosses puissances, mais elle est mature pour les petites et moyennes puissances, de 30 kW à 1 MW. Le prix se situe parfaitement entre le coût d'une propulsion diesel et d'une solution électrique sur batteries, et l'on est 4 à 8 fois plus léger que les solutions batteries, sans être limité par les temps de recharge. En exploitation, l'hydrogène est moins cher que le diesel pour un particulier qui paie les taxes. Pour les stations, avec EODev nous avons déjà une dizaine de projets en cours. Et il y a peu de technologies avec autant d'investissements annoncés tous les jours pour des infrastructures qu'il y en a pour l'hydrogène vert. Nos stations flottantes peuvent être livrées en 4 mois et rentables dès 100 kg d'hydrogène par jour. Il suffit d'un bateau de transport de passagers par jour."
Pour poursuivre son développement, EODev a levé 20 M€. Ils serviront notamment au montage d'une chaîne de production en série des groupes électrogène hydrogène et des REXH2, en France. Celle-ci sera opérationnelle à l'été 2021. En attendant, EODev est déjà en capacité de produire quelques dizaines de range extenders par moi. Un réseau de distribution et de maintenance se structure avec la signature d'un 1er partenariat avec ENERIA – Caterpillar. Du côté des stations de recharge hydrogène, un réseau devrait se monter dans le Sud de la France. "Nous travaillons avec les ports, les institutions et les privés, également dans le fluvial. Le maritime a un rôle précurseur à jouer aussi pour aider au développement de l'hydrogène à terre" conclut Jérémie Lagarrigue.