Interview / INB : "Le nautisme doit être capable de présenter ses métiers"

Echange avec Laurent Winisky, directeur de l'INB sur son analyse de la formation aux métiers du nautisme, ses formes actuelles et futures et l'attractivité de la filière plaisance auprès des candidats à l'emploi.

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Laurent Winisky est à la tête de l'INB depuis 2009. Le directeur du centre de formation spécialisé dans le nautisme, installé à Concarneau et Villefranche-sur-Mer, répond aux questions de BoatIndustry sur la situation de la formation aux métiers de la plaisance et sa vision des évolutions à venir.

Quelles grandes évolutions la formation des professionnels du nautisme a-t-elle connues ces dernières années ?

L'INB est né avec le nautisme, en 1965, quand on a commencé à faire des loisirs sur l'eau et ne plus voir la mer que comme un lieu de travail. L'INB a donc suivi les évolutions. Au départ, on formait uniquement des moniteurs de voile, puis on a formé aux industries nautiques et maintenant à des aspects plus techniques. Ce que l'on sent avant tout, c'est la professionnalisation des acteurs sur toute cette période.

De notre côté, sans rentrer dans l'administratif et le technique, on s'adapte aux réformes variées de la formation. C'est notre force : savoir utiliser les outils complexes de la formation, mais qui sont tout de même performants. Peu de gens payent leur formation en France. Notre rôle est de rendre la formation lisible pour les professionnels et trouver les possibilités de financement. On peut prendre en exemple le fort développement récent de l'apprentissage.

INB Port La Forêt
INB Port La Forêt

Le profil des candidats aux métiers du nautisme change-t-il ?

Nous avons la chance de couvrir une large palette d'âges. En 2022, nous avons des stagiaires de 15 à 56 ans. Pour les jeunes, leur venue est généralement rattachée à une pratique personnelle et l'envie d'y associer un métier. En reconversion professionnelle, il y a presque toujours une pratique personnelle, mais aussi d'autres leviers. Avant, le profil était presque toujours un moniteur de voile qui voulait devenir professionnel. Aujourd'hui, cela a évolué, on a aussi du motonautisme, du surf, de la pêche... C'est bien plus diversifié, avec des relations aux pratiques nautiques différentes. On a des personnes qui ont peu pratiqué, mais voient dans le secteur une opportunité et de l'attractivité, dans des PME, au bord de la mer... Mais il faut les former en accéléré.

Et à la sortie de la formation, restent-ils dans le nautisme ?

Les profils étant divers, il y a beaucoup d'adaptation des programmes. Au final, à l'INB, l'insertion est très bonne, de 80 à 85 %. Trois ans après, cela se tient bien et à 5-7 ans, cela devient varié selon les formations. Un moniteur restera peut-être dans le nautisme, mais dans une autre activité. Globalement, cela se maintient bien.

Formation à l'encadrement de voile
Formation à l'encadrement de voile

Comment voyez-vous la formation au nautisme dans 10 ans ?

On a le devoir de suivre les évolutions technologiques et faire évoluer les référentiels de formation constamment et en anticipant, car cela prend du temps. Cela va continuer à se professionnaliser, à travers les outils digitaux, le numérique. La traçabilité des travaux par exemple, ce n'est pas toujours naturel pour un technicien aujourd'hui. Nous devons les former aux outils.

Il y a aussi évidemment la transition environnementale. Les professionnels devront de plus en plus intégrer la réflexion à leur impact dans leur travail.

On détecte petit à petit les nouveaux métiers et les nouvelles compétences qui apparaissent, comme les project manager qui accompagnent les clients entre la signature du bateau et sa prise en main, ou les opportunités pour les commerciaux dans des boat clubs. Qui vendra, comment et avec quels outils ? On suit l'évolution des modèles de distribution dans les autres secteurs, pour réfléchir à celui des bateaux et des magasins.

On se penche aussi sur les nouvelles propulsions. Le mécanicien d'aujourd'hui est-il celui qui interviendra sur l'hydrogène ou l'électrique ?

Autant de thèmes à suivre.

Des plateaux techniques qui restent importants
Des plateaux techniques qui restent importants

En tout cas, je crois à l'importance du geste technique et de la formation physique. Il y aura très probablement une hybridation avec des formations à distance, mais il restera des locaux à l'INB.

En conclusion, comment intéresse-t-on des jeunes au nautisme ?

Le secteur a probablement un peu de retard. Nous devons être en mesure de garder notre attractivité en présentant nos métiers, qui sont plus complexes que les gens ne l'imaginent. Ils sont riches de polyvalence. On doit faire découvrir que le métier est riche et pluriel, on fait rarement une seule chose dans le nautisme. Un bateau, c'est une maison, avec bien plus de contraintes...

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