Chantier naval Meta en liquidation judiciaire: une page se tourne, un repreneur espéré

Le JPB 50

Début juillet 2025, le tribunal de commerce de Villefranche-sur-Saône a prononcé la liquidation judiciaire de Meta Yachts, connu pour ses voiliers en aluminium Strongall®, dont le célèbre Joshua de Bernard Moitessier. Après plusieurs plans de redressement et malgré des pistes de reprise, l'avenir du chantier demeure incertain—jusqu'à la fin de l'été, date limite pour qu'un nouvel investisseur se manifeste.

Un passé industriel reconnu et un savoir-faire éprouvé

Meta Yachts a été créé en 1962 à Tarare (Rhône) par Jean Fricaud, qui s'illustra en réalisant la coque du Joshua pour Moitessier. Le chantier s'est spécialisé dès 1977 dans ses coques aluminium précontraintes (procédé Strongall®), produisant plus de trois cents unités robustes, adaptées aux navigations d'expédition. Il fut repris en 2020 par l'architecte naval Philippe Brabetz, qui a relancé l'activité et doublé son chiffre d'affaires, passant de 0,6 à 1,7 M€ en 2024, avec une équipe portée à quinze salariés

Des projets disruptés et des charges excessives

Le chantier avait amorcé une expansion avec un atelier de 800 m² à Villefranche-sur-Saône et un second site prévu à Saint‑Louis‑du‑Rhône. Mais un marché scientifique complexe avec l'Inrae, non rentable, et surtout une commande de 4,8 M€ pour deux navettes électriques dont le changement de majorité politique en Ile‑de‑France a retardé la notification, ont conduit à une tension de trésorerie. Ce cumul a précipité la cessation de paiements en avril 2025

Liquidation malgré un repreneur pressenti

La procédure de redressement ouverte le 3 avril 2025 n'a pas permis de stabiliser les comptes. Toutefois, un investisseur privé (business angel) reste en contact avec Philippe Brabetz pour reprendre les actifs ou la marque. La date butoir serait la fin de l'été : sans signalement d'offre sérieuse, le chantier entrera dans une liquidation définitive.

Quel avenir pour le chantier et ses compétences ?

Une reprise permettrait de préserver l'expertise rare autour du Strongall® et les technologies annexes comme les Turbokeels®, ainsi que les compétences en aluminium, moteurs hybrides et navettes fluviales . Sans investisseur guidant la relance, l'arrêt brutal mettrait fin à une chaîne de valeur régionale, avec perte de savoir-faire et de potentiel d'innovation.

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