Un site frappé par l'absence de titre d'occupation
La cessation d'activité du chantier naval de l'Estérel, situé entre le port Canto à Cannes et l'île Sainte-Marguerite, résulte d'un enchevêtrement juridique et administratif qui a conduit l'État à refuser toute nouvelle autorisation d'occupation du domaine public maritime. La préfecture a confirmé que l'entreprise ne bénéficiait plus d'un titre légal depuis plusieurs années. Deux dossiers de demande de renouvellement déposés en 2019 et 2024 n'ont pas abouti, en raison notamment d'un contentieux financier opposant l'État à la société exploitante.

La Direction départementale des finances publiques a bloqué la délivrance d'un avis favorable en raison de redevances impayées et contestées. Dans un communiqué, la préfecture estime que "le maintien du chantier n'est pas compatible avec le corpus réglementaire qui s'applique au domaine public maritime" et que "la délivrance d'une nouvelle autorisation à ce chantier n'est donc pas possible."
Conséquences sociales et démantèlement en cours
Le président du chantier, Claus Johansen, a déclaré que l'entreprise n'était plus en mesure de poursuivre ses activités sans couverture légale et assurantielle. Une procédure de liquidation judiciaire est en cours, avec l'arrivée d'un mandataire prévue pour la semaine suivant l'annonce. Le site, qui employait jusqu'à une vingtaine de personnes en haute saison, comptera au moins cinq licenciements économiques immédiats.
Les équipes du chantier ont assuré le repli technique et environnemental du site. "Nous avons dépollué et remis le terrain en état", a précisé Claus Johansen.
Un héritage de presque 90 ans

Fondé en 1936, le chantier de l'Estérel trouve ses racines dans des infrastructures encore plus anciennes. Dès 1934, un premier chariot de halage est installé sur l'île Sainte-Marguerite, destiné à réparer les navires endommagés par les conflits. L'entreprise prend véritablement forme après la Seconde Guerre mondiale, se spécialisant dans la construction de vedettes en contreplaqué d'acajou. Elle participe alors à la renommée du savoir-faire naval de la région cannoise.
Des perspectives incertaines sur la valorisation future du site
Du côté de la Ville de Cannes, on reconnaît que l'entreprise "a contribué au rayonnement du savoir-faire nautique cannois" tout en rappelant que l'activité s'exerçait sur un domaine appartenant à l'État. Aucune annonce concrète n'a été faite sur l'avenir du site ou une éventuelle reconversion, mais la municipalité "espère qu'un repreneur pourra, à terme, préserver l'activité et les savoir-faire liés à ce site emblématique."
