Vous avez annoncé au début de l'été 2017 la création du Nordac 3Di, version dacron pour la croisière du 3Di, un produit déjà bien installé sur les voiliers de course. Quels sont les premiers retours commerciaux?
Luc Joessel : Les premières voiles ont déjà été vendues en France et nous avons touché une clientèle entièrement nouvelle pour nous. J'ai par exemple déjà livré des voiles pour des bateaux anciens comme des Samourai ou des Tequila Sport, qui sont des voiliers que nous n'aurions jamais touchés avec nos produits précédents. Nous verrons après les salons d'automne, mais cela s'annonce très bien.

Luc Joessel, responsable marketing de North Sails France
Quels éléments font la différence entre un Nordac 3Di et le reste de la gamme 3Di, d'un point de vue technique et économique ? D'où vient la différence de prix ?
Greg Evrard : Le procédé technique est exactement le même et il est basé sur les mêmes brevets, hérités de l'expérience de la coupe de l'America et du savoir-faire North Sails. Seul le matériau change. Les filaments déposés dans le 3Di étaient jusqu'à présent un mélange d'Aramide et de Dyneema, avec parfois un ajout de carbone. Dans le Nordac 3Di, il s'agit de polyester, celui du dacron classique.
Du point de vue mécanique et aérodynamique, on a les gains liés au 3Di, avec l'absence de couture et de découpe. La tenue de forme est incomparable avec une voile à panneaux en dacron classique.
En terme de prix, les gains par rapport au 3Di Aramide-Dyneema se font évidemment sur le matériau, quelques dizaines de fois moins cher, mais aussi sur le temps de conception et les équipements. Une voile de croisière est souvent moins équipée et les calculs d'optimisation sont plus limités et plus simples avec un seul type de fibre dans le Nordac 3Di.
Avec quelle voile faudrait-il comparer le Nordac 3Di?
Greg Evrard : Il est très difficile de la comparer, car elle est d'une qualité bien supérieure à une voile dacron à panneaux. Elle est entre cette dernière et une voile en 3Di Aramide-Dyneema. En terme de prix, on est légèrement supérieur aux voiles North Sails à panneaux. (NDR : sur le catamaran de croisière testé par BoatIndustry, le prix du Nordac 3Di annoncé par North Sails est 19% supérieur à celui des voiles en panneaux dacron de la voilerie.)

Génois en Nordac 3Di
Comment envisagez-vous votre positionnement sur le marché de la croisière ?
Greg Evrard : C'est assez paradoxal. En excluant les voiles pour les chantiers, North Sails est la première voilerie au monde. Pour autant, on s'analyse comme ayant été très mauvais sur le créneau de la croisière jusqu'à maintenant. Avec le Nordac 3Di, c'est la première fois en 60 ans que North Sails fait de la recherche dédiée au marché de la croisière. L'objectif est de trouver une clientèle et de la fidéliser, comme nous l'avons fait sur les autres segments. Nous ne voulons pas 100% du marché de la croisière !
Envisagez-vous des accords en 1ère monte avec des chantiers ?
Greg Evrard : Pourquoi pas, si le chantier est prêt à mettre le prix pour le produit. Pour la production, on pourra s'arranger avec la disponibilité des moules au Sri Lanka.
Le 3DL va-t-il disparaître ?
Greg Evrard : Avec l'offre de 3Di, nous couvrons tous les range de navigation. Le 3DL a un principal inconvénient, c'est qu'il peut se délaminer, un problème résolu par le 3Di. Quel est donc l'intérêt de continuer ? Néanmoins, nous poursuivons pour l'instant pour les classes de bateaux qui interdisent le 3Di.
Quelles sont les futures innovations de la voilerie ?
Greg Evrard : Il y a encore sûrement des déclinaisons techniques futures de nos méthodes. Pourquoi pas des spi en filamentaire, voire indéchirables ? Avec l'arrivée très bientôt à Vannes d'un pôle R&D pour l'ensemble du groupe North Sails, on devrait voir des avancées !