Interview / Voiliers Boréal : " Nous sommes prêts à grossir, mais sans urgence. "

Jean-François Eeman et Jean-François Delvoye (de gauche à droite), le duo à la tête des voiliers Boréal

Jean-François Delvoye, fondateur du chantier de voiliers Boréal, présente à BoatIndustry.com l'activité et les projets de son entreprise. Robustesse et navigation au long cours s'appliquent aux bateaux comme au chantier !

Pouvez-vous nous rappeler en quelques mots la genèse du chantier et des voiliers Boreal ?

Jean-François Delvoye : J'ai voyagé pendant 6 ans avec ma femme et mes 4 enfants autour du monde. Tout au long de ce périple, je n'ai pas arrêté de demander aux marins rencontrés ce qu'il manquait à leur bateau pour être le bateau de voyage idéal. Les réponses ont noirci 17 cahiers de notes et de croquis. A mon retour en France, j'ai décidé de les exploiter pour dessiner et construire le bateau avec lequel repartir en famille autour du monde, un voilier de 15 mètres en aluminium. Le projet a tellement séduit que j'avais deux commandes avant de mettre à l'eau le prototype. J'ai donc créé Boréal en 2005.

En 2009, je me suis associé à Jean-François Eeman, un autre marin totalement complémentaire, qui assure l'aspect commercial et l'accompagnement des clients.

Que représente le chantier Boréal aujourd'hui, en quelques chiffres ?

Jean-François Delvoye : Boréal emploie actuellement une trentaine de personnes pour un chiffre d'affaires annuel légèrement inférieur à 5 M€. Nous avons une gamme de 4 voiliers allant du Boreal 44 au Boreal 55, les plus vendus étant les 44 et 47 pieds. Nous réalisons aujourd'hui entre 8 et 10 bateaux par an.

Comment définiriez-vous votre clientèle ?

Jean-François Delvoye : Les clients qui viennent au chantier Boréal sont des gens qui savent ce qu'ils veulent. Ils ont un projet de vie à bord, avec un cahier des charges en tête. Nous pouvons donc avoir une vraie discussion technique. Ils ont en général déjà eu un voilier auparavant. Nos plaisanciers veulent réellement voyager avec le bateau. Même ceux qui ont un projet dans les alizés, veulent se garder la possibilité d'aller ailleurs, grâce à un bateau robuste et des détails comme un vrai safran protégé.

Les clients sont souvent surpris de cette manière différente de naviguer. Le skipper Dominique Wavre lui-même en était étonné lors de l'essai de son nouveau Boréal. On ne va pas dans les mêmes endroits qu'avec un IMOCA !

Quels sont les futurs projets du chantier ?

Jean-François Delvoye : Nous avons actuellement 2 projets de bateaux plus gros. Le premier est un voilier de 68 pieds pour un client particulier. Le second est un monocoque de 78 pieds pour l'expédition et le charter en Arctique ou Antarctique. Le marché du charter polaire est une niche en plein développement à l'intérieur de notre niche du bateau de voyage. Nous avons l'expérience et nous sommes prêts pour construire ces voiliers d'expédition.

Du point de vue industriel, quelles évolutions envisagez-vous ?

Jean-François Delvoye : Nous nous sommes restructurés il y a peu et disposons désormais de 3000 m² couvert. Après avoir tout fait en interne au début du chantier, nous nous concentrons désormais sur nos savoir-faire et sous-traitons l'électricité, l'électronique, la menuiserie et la peinture. Nos moyens nous permettraient de sortir jusqu'à 20 bateaux par an, mais nous sommes de nature prudente. Nous savons que ce que nous avons construit est fragile. Le plus important est de continuer à faire ce que l'on aime dans une bonne ambiance. Nous sommes prêts à grossir, mais sans urgence !

Plus d'articles sur le thème
Réagir à cet article
Ajouter un commentaire...