Interview / Class 30 : "On peut viser 100 bateaux rien qu'avec les clubs français"

Mumm 30 lors du grand prix Atlantique à Pornichet © Paul Montier (CC BY-SA 3.0)

L'Union Nationale pour la Course au Large (UNCL) et le Royal Ocean Racing Club (RORC) ont lancé un appel à projet pour la création d'une nouvelle classe de voiliers. Nous avons interrogé Yves Ginoux, l'un des coordinateurs du programme à l'UNCL, sur les ambitions de la structure pour ces bateaux, le processus de décision et les perspectives qu'ils peuvent ouvrir pour l'industrie nautique.

Un bateau et 3 déclinaisons

Deux clubs européens majeurs, l'Union Nationale pour la Course au Large (UNCL) pour la France et le Royal Ocean Racing Club (RORC) au Royaume-Uni, déjà partenaires dans la gestion de la jauge IRC, ont annoncé le lancement d'un appel à projets pour la création d'une nouvelle classe de bateaux, baptisée Class 30. Ces voiliers, d'une longueur de 30 à 32 pieds, accueillant jusqu'à 6 équipiers seront déclinables en trois versions pouvant chacune naviguer séparément en monotypie ou ensemble à travers un rating. La 1ère version est destinée aux clubs, avec des équipements minimaux et simplifiés, tandis que le Class 30 OD (One Design) vise les plaisanciers particuliers avec une palette d'équipements plus large. Un troisième modèle baptisé Olympic est envisagé en cas d'inscription de la course au large aux Jeux Olympiques, avec notamment des dispositifs de retransmission vidéo.

Des voiliers abordables pour la formation des équipiers en club

Le cœur du projet porté par l'UNCL et le RORC est de remédier aux vieillissement des équipages de course au large avec des solutions abordables et modernes pour les clubs de voile. "Notre philosophie est de favoriser la formation des équipiers de la course au large. On constate un vieillissement des équipiers et le développement des courses en double s'explique aussi par cela. Les clubs ont des flottes de bateaux vieillissants avec les Surprise, les Grand Surprise ou les JOD 35. Et ils ne trouvent pas de bateaux qui répondent à leur cahier des charges. Les 30 ou 32 pieds du marché ont des équipements et des aménagements qui ne sont pas nécessaires en club de voile. C'est avant tout un problème économique. L'objectif est un modèle club à 80 000€ HT, prêt à naviguer avec des voiles en dacron. On a d'ailleurs déjà discuté avec des chantiers sur des modèles existants. Il faudrait en faire des versions très dépouillées. Je ne pense pas que cela pose de problème par rapport aux marques et aux prix des modèles existants. On peut prendre l'exemple de Dacia qui est une des raisons du succès de Renault" explique Yves Ginoux, vice-président de l'UNCL, très impliqué dans le dossier Class 30.

Les voiliers du marché comme le Sun Fast 3300 ne sont pas accessibles pour des clubs.
Les voiliers du marché comme le Sun Fast 3300 ne sont pas accessibles pour des clubs.

Des bateaux de propriétaires également accessibles

La version Class 30 OD affiche également un objectif économique ambitieux. L'enveloppe estimée pour le voilier est de 120 000 € HT, hors voiles. Les 40 000 € HT supplémentaires par rapport au Class 30 Club intègrent notamment la plus-value d'un mât en carbone, de l'équipement des ballasts, d'un bloc cuisine et du matériel électronique. "Avec les ballasts, le Class 30 OD permettra aussi de faire des courses en double. Je pense que l'on peut avoir une offre 30 à 35% en dessous de ce qui existe sur le marché et élargir une vision peut-être un peu étroite que les chantiers ont de ce marché" précise Yves Ginoux.

Une production importante de voiliers en France et à l'international

En visant un circuit de régate en Europe, mais également à l'international, les initiateurs de la Class 30 envisage une production des bateaux à grande échelle, avec des licences régionales. "La construction en local, sous licence, comme cela a pu se faire pour le Mumm puis Farr 30, est essentielle pour le développement de la classe car le coût de transport sur un bateau de cette taille peut exploser les prix. Cela permet aussi de bien maîtriser la monotypie avec l'UNCL et le RORC. Sans compter le Royaume-Uni et l'Amérique du Nord également très intéressé, on peut estimer le nombre de bateaux à une centaine en 5 ans pour les clubs en France, auxquels on ajoute quelques Class 30 OD pour des particuliers, dont le nombre dépendra du circuit de régates. Il y a aussi le renouvellement de flottes événementielles comme Teamwinds qui compte 50 bateaux. Cela semble raisonnable quand on sait qu'il y a eu 300 Grand Surprise" affirme le vice-président de l'UNCL.

Le Grand Surprise a été construit à plus de 300 exemplaires
Le Grand Surprise a été construit à plus de 300 exemplaires

1ers Class 30 à l'eau en 2022

Le planning du projet est serré. Les chantiers ou architectes navals souhaitant participer ont jusqu'au 6 mai pour se manifester auprès de l'UNCL. Le jury composé de 4 membres de l'UNCL et 3 membres du RORC retiendront 5 à 10 candidats. Ils disposeront alors de 4 semaines pour rendre une esquisse. Le jury sélectionnera alors 1 ou 2 dossiers, pour lesquels il financera une étude de niveau avant-projet détaillé. "Notre but est de contractualiser à la rentrée 2021 pour une livraison des 1ers bateaux en avril 2022. Nous avons déjà des particuliers intéressés pour des Class 30 OD. Cela permettra de valider et tester les bateaux en les greffant sur des épreuves existantes au second semestre 2022 et de lancer le circuit Class 30 en 2023" conclut Yves Ginoux.

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