Interview / Alternatives Energies : "L'électrique en plaisance est désormais réaliste"

Alternatives Energies a été l'intégrateur de la pile à hydrogène sur le bateau New Era d'Hynova

Philippe Pallu de La Barrière, fondateur d'Alternatives Energies, spécialiste de la propulsion électrique et des énergies décarbonées, nous explique les projets de l'entreprise pour les bateaux plaisance et sa vision sur la maturité du marché par rapport aux navires professionnels.

A la tête d'Alternatives Energies, spécialiste de la propulsion et de l'énergie électrique à bord des bateaux depuis 1997 qui emploie 7 personnes, Philippe Pallu de La Barrière répond aux questions de BoatIndustry sur les actualités de l'entreprise et ses projets liés au nautisme.

Comment Alternatives Energies est-elle arrivée à travailler pour la filière nautique et quels sont les projets en cours ?

Depuis plus de 20 ans, Alternatives Energies travaille autour de la propulsion et de l'énergie électrique des bateaux. On s'est positionné comme intégrateur électrique et hybride. Jusqu'à présent, le marché des bateaux professionnels était plus propice, car les bateaux tournent beaucoup, avec du personnel fixe et sont souvent attachés à un site d'exploitation, ce qui est plus facile pour l'infrastructure. Il était plus facile de percer. A plusieurs reprises, nous avons été sollicités sur des dossiers plaisance, mais nous n'avions pas donné suite, car il y avait besoin d'investir avant, que les bateaux servent peu et se déplacent beaucoup. Nous avions repoussé cela. A la demande d'un industriel du nautisme qui ne se dévoile pas pour le moment, nous avons recommencé à travailler de manière structurée sur le moyen terme pour la propulsion d'un bateau de plaisance. Si toutes les étapes sont franchies, cela devrait déboucher sur un équipement de série d'ici moins de 2 ans.

Alternatives Energies a débuté avec des bateaux professionnels comme le bac de Concarneau
Alternatives Energies a débuté avec des bateaux professionnels comme le bac de Concarneau

Nous avons aussi été intégrateur pour Fountaine-Pajot sur un projet pour un plaisancier particulier pour expérimenter l'hydrogène, surtout pour l'énergie au mouillage. On voit une forte demande pour le "silent mooring" pour les plus de 50 pieds. En propulsion, on ne peut faire qu'une partie en zéro émissions sur ces bateaux, car il faut une autonomie telle qu'on ne peut pas aller bien loin.

On est aussi très attentifs à ce qui se passe dans l'hydrogène. On a été intégrateurs de la pile EoDev sur le projet de grande plaisance Hynova. Dans la plaisance, ça reste expérimental pour le moment car il y a la problématique d'approvisionnement, mais il faut suivre pour être dans le bon timing.

Quels sont les facteurs qui font que la plaisance est désormais plus mûre pour l'électrique ?

Le matériel évolue vite. Les batteries, mais aussi tous les équipements dont on parle moins pour la conversion de l'énergie, qui étaient chers et lourds. Il y a de nouveaux systèmes qui viennent de l'industrie et de l'automobile, plus compactes et faciles à intégrer. La chute des prix du matériel rend cela également plus accessible. On a commencé les batteries lithium sur les bateaux à plus de 1000€ du kWh et aujourd'hui on est proche de 400€ /kWh. Le 3ème élément est la possibilité de travailler dans un cadre industriel sur le long terme pour un vrai bateau électrique. Ce n'est pas conçu comme un voilier "normal". Notre marque de fabrique est de concevoir des bateaux pensés pour l'électrique.

Alternatives Energies travaille sur un projet de pile à hydrogène avec Fountaine Pajot
Alternatives Energies travaille sur un projet de pile à hydrogène avec Fountaine Pajot

Le plaisancier est-il prêt pour le bateau électrique ?

Il est certain que la demande est forte. Un aspect à développer est l'interface homme-machine, comme on l'appelle sur les bateaux professionnels. Quand elle est bien faite, les utilisateurs peuvent s'adapter. Il faut montrer ce qui est rassurant : la redondance des systèmes, la quasi-impossibilité du black-out, qu'il n'y a pas moins de fiabilité que sur un diesel. On a réussi à le faire avec le bateau professionnel et avoir cette confiance. Pour cela, on a besoin de fiabilité d'entrée de jeux.

Enfin, il faut être moins coûteux que les systèmes professionnels. Là, maintenant, tout cela est réaliste !

Plus d'articles sur le thème
Réagir à cet article
Ajouter un commentaire...