Comment s'est passée cette nomination à la tête de CDK Technologies ?
Cette nomination est le fruit d'une rencontre avec Lucien Boyer et Laurent Damiani, à la tête d'ISC (Inspiring Sport Capital), un fonds spécialisé dans les projets sportifs. Lucien Boyer, d'origine bretonne, a un attachement sentimental pour CDK, dont il est actionnaire depuis déjà longtemps. Il a passé une bonne partie de sa carrière dans le monde de la voile.
Nous avons beaucoup partagé autour du projet CDK, de la reprise et des perspectives, suite au départ programmé de Philippe Facque. Ils recherchaient un manager qui soit capable de mettre en œuvre une vision pour le chantier.
Êtes-vous familier du milieu de la voile ?
Je connais la voile par passion, mais pas de manière professionnelle. J'ai été amené à croiser quelques personnes de cet univers de la voile. Quand j'étais CEO de Renault F1 Team, nous avions réfléchi à faire un croisement entre l'univers de la F1 et des défis français de la Coupe de l'America comme celui de Franck Cammas par des connaissances communes. On a cherché des synergies et échangé sur des opportunités.
J'ai passé les 30 dernières années à chercher la mer et le vent. Je vais maintenant découvrir l'envers du décor comme je l'ai fait dans l'automobile 30 ans avant. Je vais découvrir ce nouvel environnement avec beaucoup de passion.
Quelles sont les synergies entre la F1 et le nautisme ?
Ce sont des univers de passion, d'engagement, de grande détermination pour faire exister des programmes. Je suis admiratif des skippers, qui sont aussi des patrons d'entreprises qui doivent monter l'ensemble d'un projet. Le jour où ils partent, c'est une consécration. Ils doivent trouver des sponsors, financer le projet, faire exister un bateau… C'est pareil en Formule 1. En 2015, il a fallu que je me batte pour prouver la possibilité de monter une écurie de F1 chez Renault.
Un atelier composite, qu'il fasse des voitures ou des bateaux – même si les tailles sont différentes – a le même savoir-faire et les hommes qui le composent sont similaires. Le bruit, le regard, les sensations et les émotions ne me seront pas étrangers.
Quelles sont les nouvelles ambitions pour le chantier CDK Technologies ?
Il y a des choses qui ne doivent pas changer comme la performance du chantier dans ce qu'il entreprend. Il a un très bon palmarès et des skippers qui lui font confiance et reconnaissent la singularité du chantier. Cet engagement auprès des skippers et de la course au large ne doit pas changer.
En revanche, il y a plusieurs choses à faire. On doit trouver des façons d'attirer davantage de forces vives, on a la capacité d'accueillir de la main-d'œuvre pour avoir plus d'opportunités de faire plus de projets. On a les moyens de faire plus et on va se les donner. Ce premier objectif porte sur notre cœur de business.
On va aussi probablement engager des projets de décarbonation du fret maritime. Il y a un projet de consortium avec les Chantiers de l'Atlantique pour développer de grands bateaux de croisière et passagers pour réduire leur facture énergétique et leurs émissions de CO2. On a un rôle moteur à jouer sur ce sujet.
Il faut aussi accompagner l'évolution de la course à la voile, notamment dans des classes avec lesquelles on travaille déjà comme l'IMOCA. Il faut trouver de nouvelles méthodes de construction, de conception et de recyclage des bateaux qui utilisent beaucoup de carbone. CDK est un chantier qui possède une vraie compréhension sur l'emploi, sur les matériaux pour suivre cette voie. Il y a aussi de nouveaux acteurs intéressants comme Mer Concept, qui a des valeurs et un positionnement intéressant sur la façon d'être présent dans la course et de répondre aux évolutions de cet environnement.
Quel est l'état des lieux du chantier actuel ?
CDK est une entreprise qui va bien, qui va très bien. Elle n'a pas besoin d'IFC sur le plan financier. C'est une entreprise robuste, solide avec un bon carnet de commandes et une très forte reconnaissance et notoriété. C'est une plateforme idéale pour imaginer de nouvelles choses. On va faire évoluer CDK pour aller dans de nouveaux territoires, se moderniser, sans déséquilibrer l'activité actuelle. On se concentre sur cet équilibre.
