Interview / Ino-Rope : "En 10 ans, on est passé de 2 potes au fond du garage à une PME industrielle"

Le spécialiste du matelotage et des solutions textiles techniques, Ino-Rope fête ses 10 ans en 2023. Nous avons interrogé son co-fondateur Thibault Reinhardt sur cette belle histoire du nautisme et sa vision des évolutions du textile, notamment dans la plaisance.

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Lancée en 2013 par Julien Barnet et Thibault Reinhardt, l'entreprise Ino-Rope s'est installée dans le paysage du nautisme, et au-delà dans différentes industries, avec des solutions textiles innovantes, pour les bateaux, mais pas que... A l'occasion des 10 ans de la société, nous nous sommes entretenus avec son dirigeant, Thibault Reinhardt.

Pouvez-vous nous résumer en quelques mots ces dix dernières années d'Ino-Rope ?

A l'origine en 2013, il y a 2 potes au fond d'un garage avec une poulie qui rêvent de vendre le concept, des licences, ne plus rien faire et naviguer ! Rapidement, on a lancé notre site internet; qui a permis de faire parler des fibres synthétiques. Le téléphone a commencé à sonner, de plus en plus. On est parti de la course au large, ensuite le nautisme plus large, puis de nombreuses industries, l'agriculture, l'aéronautique... On a même travaillé sous terre. Aujourd'hui, on est une PME industrielle structurée avec des locaux et des moyens. On a ouvert le champ des possibles sans même s'en rendre compte. C'est assez excitant pour la dizaine à venir.

Des stocks et une structure de PME industrielle
Des stocks et une structure de PME industrielle

Quels ont été les évènements les plus marquants pour vous sur ces 10 ans ?

Il y en a énormément. En premier, on peut citer la victoire d'Armel Le Cléac'h sur le Vendée Globe, avec un mât tenu par nos poulies. Plus récemment, les 1ères poulies industrielles de 200 tonnes pour Solid Sail. Mais tous les mois, il se passe des trucs incroyables. Cet hiver, on a livré 1 500 lignes de mouillage à 12 en 3 mois. Si l'on m'avait dit cela il ya 10 ans, je ne l'aurais pas cru. Travailler avec l'Institut Français du Pétrole est aussi une sacrée reconnaissance technique.

Et en termes de produits, quels seraient les plus marquants ?

La poulie, bien évidemment, même si c'est probablement la plus dure à vendre. Changer les mentalités est ce qu'il y a de plus difficile. La poulie Ino Ending est la plus aboutie.

Poulie Ino-ending
Poulie Ino-ending

On peut aussi citer les lignes de mouillages, avec leur aspect écologique. Je cite souvent l'agent portuaire de Fouesnant qui était venu charger les lignes avec un plateau de maçon, et qui un an plus tard m'a dit que cela avait changé sa vie, qu'il n'avait plus mal au dos.

Ensuite, on fait beaucoup de sur mesure, même la plus simple ligne de treuil a été réfléchie.

Comment voyez-vous l'évolution du textile dans le nautisme ?

Il y a 10 ans, cela se résumait à la course au large. Aujourd'hui, cela se démocratise, et on a été un acteur pour cela, avec nos tutos et nos conseils mis a dispo gratuitement. Aujourd'hui, une manille textile est beaucoup mieux acceptée et comprise. Dans 10 ans, cela sera encore mieux. Le textile aura remplacé ce qu'il reste à remplacer comme le gréement. Les débouchés dans d'autres secteurs vont permettre d'automatiser et d'améliorer, et de rendre le textile moins cher que l'acier. La structuration industrielle pour les autres secteurs permettra de le rendre plus accessible aussi dans le nautisme.

Mouillage textile
Mouillage textile

Comment voyez-vous l'évolution technologique des fibres textiles ?

Notre volonté dans la prochaine décennie est de travailler sur le réemploi des fibres. Notre matériau est quasiment increvable.On peut imaginer de l'utiliser d'abord en course au large, ensuite dans le nautisme, puis enfin dans l'emballage. Il faut faire en sorte que chaque centilitre de pétrole soit utilisé au mieux. Dans un monde où les matières premières se raréfient, on doit être malin pour continuer à faire du high-tech. Il est important de continuer à faire de la R&D pour prouver des principes et démonter les idées reçues, comme des normes de levage où l'on est quasiment contraint à des sangles à usage unique !

Enfin, j'aimerais travailler à ce que l'on collabore entre les corderies, les entreprises de matelotage, les utilisateurs pour structurer la filière et être encore plus vertueux. En 10 ans, on n'a pas perdu notre âme, et c'est grisant !

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