Nommé le 13 mars 2024 à la tête du chantier Nautitech Catamarans, Yves Baslé entend poursuivre et accélérer la montée en gamme du chantier, qui affiche un chiffre d'affaires de plus de 30 M€. Il nous explique son parcours et sa vision du marché.
Vous avez été dans l'industrie nautique entre 2000 et 2011, chez Dufour, Bénéteau, Wauquiez puis Zodiac. Pourquoi revenir dans le secteur ?
Avant tout le fun. Je suis né à Saint-Malo et je suis tombé dans le bateau tout petit. C'est l'occasion de combiner l'amour du produit et de mon métier, celui de booster des entreprises.
Comment voyez-vous l'évolution du secteur pendant votre période en dehors de la plaisance ?
Le nautisme a évolué, mais il n'y a pas eu de révolution, en termes de production et d'industrialisation, comme lors des grandes évolutions entre 2000 et 2009, où l'on est passé de l'artisanal à l'industriel. Le changement s'est plutôt fait grâce aux nouveaux outils donnant l'aptitude de développer de nouveaux produits plus rapidement.
L'évolution technique des matériaux était déjà bien avancée à l'époque.
Quelle expérience pouvez-vous apporter de vos passages dans d'autres industries ?
Il faut bien se garder de transposer stricto sensu certaines choses. Chez Nautitech, nous allons chercher une aptitude à personnaliser les bateaux. Savoir rester industriel, en produisant dans une ligne, souvent multiproduit, ce qui est important pour la qualité, et combiner cela avec la personnalisation par rapport au besoin client.
A quoi correspond votre stratégie annoncée de "premiumization" ?
La stratégie est celle lancée par Gildas avant moi, et que j'ai aussi connue à la tête de Wauquiez. Je souhaite encore accélérer vers un positionnement plus premium. Cela passe par la création de valeur avec des modèles performants, du confort, de l'esthétique, plus de customisation et aussi une adaptation du réseau de distribution pour avoir un contact direct avec tous les clients. Les concessionnaires doivent être alignés avec l'ADN de qualité Nautitech.
Il faut aussi adapter l'outil industriel, avec de la flexibilité, de l'agilité et un haut niveau de qualité, allouer du personnel technique du bureau d'études à la personnalisation.
C'est un processus, déjà entamé, qui demandera encore 3 à 5 ans.
L'outil industriel de Rochefort est-il adapté ?
Si on reste dans la vision d'un nombre modéré de bateaux à produire, inférieur à 50 catamarans, ce que nous dit le marché, nous pouvons faire beaucoup de choses dans nos locaux d'aujourd'hui. Sachant que l'avenir de Nautitech est dans le premium, en restant dans la notion de petite série, même en allant vers des bateaux plus grands, nos murs suffisent.
Quelles sont votre vision du marché actuel et les actions de Nautitech pour y faire face ?
Nous avons ralenti la production en début d'année et atteint aujourd'hui le bon tempo. La visibilité n'est pas terrible.
Ceci étant, ayant vécu la crise de 2008-2009, je constate des différences aujourd'hui. L'intérêt des clients potentiels, prospects qualifiés, reste assez anormalement élevé. On a le sentiment qu'il manque peu pour signer. Le sujet reste les taux d'intérêt et l'inflation. Aujourd'hui les matières premières sont stabilisées. Il reste un possible rattrapage du coût de main-d'œuvre et de l'énergie. Quant aux taux d'intérêt, ils ont arrêté de monter et tendent à s'éroder progressivement.
Quelles sont les relations avec Bavaria ?
Nous avons des relations régulières. J'ai travaillé en Allemagne et je parle allemand, ce qui est un atout. Il y a notamment quelques synergies d'achat, tout en gardant notre positionnement propre.