Interview / Voiliers Wrighton Bi-Loup: "On aurait du attaquer directement à l'export."

Bi-Loup 109 en navigation

A l'heure de la dissolution de Wrighton Bi-Loup, François Lebailly, associé dans l'entreprise, revient avec BoatIndustry sur l'aventure de la reprise de la célèbre marque de voiliers de croisière et les erreurs qui ont mené à sa fin prématurée.

François Lebailly, liquidateur de la marque de voiliers Wrighton Bi-Loup, explique à BoatIndustry les étapes qui ont mené à la fin de l'entreprise.

Pouvez-vous nous rappeler le processus qui a mené à la reprise de Wrighton Bi-Loup?

Mes associés, Patrick Fallot et Thierry Bocquet, avaient commandé des voiliers Bi-Loup chez Wrighton, avant la faillite de l'entreprise en 2014. En regardant les plans, ils ont retrouvé le nom de mon fils Vincent Lebailly, architecte naval, qui en était à l'origine. Ils l'ont donc recontacté pour poursuivre le projet. Comme j'étais de la même génération qu'eux, mon fils m'a impliqué dans les choix de conception et je me suis lié d'amitié avec Patrick et Thierry. Je réfléchissais à changer de bateau à l'approche de la retraite, je leur ai donc dit: je pars avec vous. On s'est dit qu'avec un bateau pensé pour 3 clients de cultures différentes, on pourrait l'adapter à d'autres. Nous avons donc investi chacun une partie de la vente de nos entreprises respectives pour fonder Wrighton Bi-Loup.

On a ensuite construit les 3 nouveaux Bi-Loup 109 avec le chantier Shoreteam Yard de Caen. Menuisier de métier, je me suis mis à l'agencement de bateaux. Après avoir racheté les moules des anciens modèles de Bi-Loup, nous avons construit 2 Bi-Loup 78 et 2 Bi-Loup 90. Nous étions désormais opérationnels en ayant essayer tous les modèles.

Bi-Loup 90

Quels sont selon vous les éléments qui ont empêché le redémarrage pérenne des voiliers Bi-Loup?

On était attaché à la marque Bi-Loup. On a plus travaillé à l'affect qu'en professionnels. Notre grosse bêtise commerciale est que l'on pensait qu'une grosse partie de la clientèle de Wrighton allait renouveler son bateau vers de plus gros. On visait 3 à 4 bateaux par an. Hors, le "défaut" des Bi-Loup est qu'ils sont très robustes. Les plaisanciers, propriétaires depuis 10 à 15 ans , n'ont pas envie de changer. De plus, après 5 ans de disparition de la marque auprès du grand public, les clients étaient partis à la concurrence.

Je pense que l'on aurait du attaquer directement le marché à l'export. On a eu des touches sérieuses à Southampton, mais on est arrivé l'année du Brexit et nos deux prospects ont eu peur des conséquences sur leurs activités professionnelles.

Projet de Bi-Loup 109 Trawler

Pourquoi arrêter maintenant l'activité de Wrighton Bi-Loup?

En commençant, on savait ce que coûtait un moule et ce à quoi l'on s'engageait. Pour démarrer de nouveaux marchés, notamment en Europe du Nord, il faudrait réinvestir de l'ordre de 500 000€, proposer de nouvelles finitions. Actuellement, on a peu de dettes, c'est le bon moment pour arrêter. On a fait le tour des constructeurs de bateaux, sans succès, pour proposer des parts car on était attaché à la marque Bi-Loup. On attaque donc la vente en éléments séparés. Les actifs sont principalement les moules, des mâts, des bômes et de la quincaillerie des anciens modèles.

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