Bateaux Ocqueteau : Un redressement judiciaire raisonné pour éviter la disparition

Construction de bateaux au chantier Ocqueteau

Le constructeur charentais de bateaux de plaisance Ocqueteau a été placé en redressement judiciaire. Son dirigeant Christian Monier nous explique les raisons du dépôt de bilan et les perspectives pour le chantier naval oléronnais.

Le chantier naval Ocqueteau en redressement judiciaire

Le constructeur de bateaux de plaisance Ocqueteau a été placé en redressement judiciaire le 18 septembre 2019 par le Tribunal de La Rochelle. L'entreprise fondée par Guy Ocqueteau, installée au Château d'Oléron depuis 1948, a déjà changé de main et déposé le bilan à plusieurs reprises dans les années 1980 à 1995. Depuis, le chantier, relancé par Jean-Pierre Mellier en 1995, avait été transmis en douceur à son actuel dirigeant Christian Monier en 2013. Doté de 6000 m² d'ateliers et de 15000 m² de terrain, il emploie actuellement 39 salariés.

Un acte raisonné pour préserver les salariés et la marque de bateaux

Christian Monier, le dirigeant d'Ocqueteau, considère aujourd'hui le choix du redressement judiciaire comme la meilleure solution pour assurer l'avenir de l'entreprise nautique oléronnaise. "C'est un acte raisonné pour faire les choses à froid et préserver la marque, le site et les 39 salariés. On a déjà vu dans le nautisme que ce n'est pas parce que l'on dépose le bilan que l'on disparaît. Il y a déjà plusieurs candidats qui se sont montrés intéressés."

Ostrea 800 d'Ocqueteau

Un manque de capitaux dans un contexte économique perturbé

Depuis sa reprise en 2013, le chantier Ocqueteau avait connu une belle dynamique de croissance. Le chiffre d'affaires était passé de 1,7 M€ à 4,15 M€ en 2018. Mais le redressement de la plaisance a pris plus de temps que ne l'espérait Christian Monier et le chantier a cumulé des pertes qui ont fragilisé l'équilibre financier du chantier. "Le manque de liquidités a fini par perturber la production, car nous n'avions pas assez de stock, perturbant la fabrication des bateaux parfois sur quelques jours. Le gain de volume avec l'accroissement des commandes ne suffisait pas à compenser les pertes de productivité." résume le dirigeant.

En 2019, le contexte français et international fait basculer la situation. Le Brexit et l'instabilité politique espagnole fragilisent les 2 principaux marchés à l'export d'Ocqueteau, tandis que la crise des gilets jaunes touche les commerçants français et que la fiscalité des retraites inquiète les plus de 60 ans, principaux clients hexagonaux. Les commandes chutent de 30% sur l'exercice, après 3 ans à +25%. "En juin, elles ont baissé de 70% par rapport au même mois en 2018" témoigne Christian Monier.

Projet RC10 d'Ocqueteau

Le nautisme nécessite d'investir

Pour s'adapter au marché de la plaisance, Ocqueteau a besoin de pouvoir investir témoigne son dirigeant. "Le segment des bateaux de 5 à 10m, qui s'adresse au haut des classes moyennes, souffre, tandis que le plus gros se vend mieux. On n'a jamais eu les reins assez solides pour lancer la fabrication de notre nouvelle RC10, alors qu'il aurait fallu." L'objectif de la procédure est donc de trouver un actionnaire capable de mener ce type d'investissements.

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