DANU : Un matériau composite "durable" en développement pour les bateaux

Jeroen Wats lance le DANU, un composite "durable"

Jeroen Wats nous en dit plus sur le DANU, le matériau composite "durable" sur lequel il travaille, avec lequel il participe au concours du JEC Composites Innovation Award. Avantage par rapport aux fibres de verre et de carbone, application dans le nautisme...

Faire des bateaux avec moins d'impact sur l'environnement

Jeroen Wats a un passé de marin dans la course au large, avant de lancer la marque de voiliers G-Force Yachts en 2004. Sa conscience environnementale l'a désormais amené à faire évoluer son activité pour travailler sur un nouveau matériau. "Plus j'ai lu sur le risque pour l'environnement, plus j'ai voulu changer cela. J'ai ainsi créé TYNC (The Young Naval Architects) en 2015 pour donner l'opportunité à des jeunes architectes navals et designers d'innover. On a ainsi travaillé sur un composite durable. Le cahier des charges avait 4 points principaux : être plus résistant que la fibre de verre, être le plus durable possible (on ne l'est jamais à 100% aujourd'hui), être abordable économiquement, avoir une solution de gestion de fin de vie du matériau" raconte l'entrepreneur.

Infusion d'une pièce en DANU
Infusion d'une pièce en DANU

Un biocomposite recyclable sans perte de propriétés

Après 2 ans de recherche, Jeroen Wats et son équipe ont déposé un brevet, avec la société Exo Tech, bientôt validé pour le DANU, un composite durable et réutilisable. La composition en reste aujourd'hui confidentiel, mais il s'agit d'un bio-composite. "La méthodologie de travail est identique au composite actuel. Il n'y a pas besoin de réapprendre le métier ou de refaire des moules. Tout chantier qui sait faire de l'infusion peut passer au DANU. C'est un peu plus cher que de la fibre de verre, mais plus résistant et l'on peut donc en mettre moins, et surtout, c'est upcyclable. Le carbone perd 20% de résistance lorsqu'il est réutilisé et il finit enfoui. Le DANU n'a pas de perte mécanique. D'un bateau en DANU, on peut refaire un bateau ou une pale d'éolienne. Il est aussi plus flexible que du carbone Cela peut être utile pour des bateaux à moteur par exemple. En revanche, on peut faire un IMOCA, mais pas battre des records avec, à cause de cette souplesse. Le DANU est une réponse à la fibre de verre, mais pas à tout. C'est déjà bien car il y a 250 000 T de fibres de verre enfouies en Europe chaque année" souligne Jeroen Wats.

Rendu du monotype Olympic 32
Rendu du monotype Olympic 32

Voiliers et bateaux à moteur en composite durable

Les premières applications du DANU existent depuis peu. Jeroen Wats a rejoint le chantier The Ultimate Boat Company (UBC) qui construit des bateaux à moteur pour des applications variées, professionnelles et de plaisance. "Les 2 premiers bateaux ont été construits et la construction d'un 3ème, un semi-rigide, démarre en juillet 2021. Par rapport à la fibre de verre, on est passé d'une masse de 380 kg à 250 kg avec le DANU. Cela permet de mettre ensuite le poids où il est utile" explique Jeroen Wats.

Une mise en œuvre du DANU est prévue pour un nouveau modèle de voilier monotype baptisé Olympic 32, imaginé avec le cabinet Finot-Conq, selon le cahier des charges de World Sailing pour les Jeux Olympiques. "On excède les exigence de World Sailing pour 2024 et 2028 sur la recyclabilité du bateau. Le projet est en pause, dans l'attente de la décision du CIO sur l'épreuve mixte de course au large. Mais les bateaux seront construits dans tous les cas, avec une dizaine de bateaux pour une flotte strictement monotype. En revanche, il n'est pas à vendre actuellement" conclut le promoteur du DANU.

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