Construction de bateaux et inclusion du handicap : une expérience réussie chez Dufour

En intégrant 5 personnes en situation de handicap, issues d'un ESAT, Dufour fait la démonstration que l'inclusion est possible dans un chantier naval de plaisance. Franck Bonot, directeur des ressources humaines de Dufour Yachts, nous explique le montage du projet et son succès à la fois pour les salariés et l'entreprise.

Une histoire humaine

Comme souvent les beaux projets, celui d'intégrer des salariés issus d'un ESAT au sein de Dufour Yachts est né d'une rencontre, raconte Franck Bonot, DRH du chantier rochelais de voiliers monocoques : "C'est une histoire de parents qui discutent à la sortie de l'école. J'ai ainsi découvert l'existence d'un dispositif permettant de faire venir des personnes en situation de handicap d'un ESAT directement dans une entreprise, et non une simple relation de sous-traitance. Etant personnellement très accès sur l'inclusion, par conviction et par mon histoire personnelle, j'ai rencontré l'UNAPI et nous avons réfléchi à la faisabilité au sein d'un constructeur nautique."

Tous les postes ne se prêtent pas à l'inclusion
Tous les postes ne se prêtent pas à l'inclusion

Une pleine intégration dans la construction des bateaux

Avec une ligne unique, des métiers qualifiés et près de 600 salariés, le défi peut sembler élevé. Après échanges avec l'UNAPI et l'ESAT, l'atelier menuiserie est identifié comme le plus pertinent pour l'intégration des salariés en situation de handicap. Avec 90 employés et la possibilité de tâches simples et répétitives, permettant un cadre rassurant, l'atelier de menuiserie est donc retenu. Franck Bonot précise :"Je ne voulais pas qu'ils soient dans un coin à faire du rayonnage ou du magasin, mais qu'ils contribuent au même titre que tous les autres à la fabrication du bateau."

6 salariés en situation de handicap au sein de Dufour

Après avoir bien défini le cadre, une période de test a été menée entre novembre et décembre 2023 avec 6 personnes issues de l'ESAT, souffrant principalement de déficiences mentales et pour certaines de quelques problématiques physiques. Passés les essais fructueux, leur présence a été pérennisée dès le début d'année 2024. Intégrés à la menuiserie en double avec un autre salarié sur leurs postes, du lundi au jeudi, et épaulés d'un moniteur, ils ont été parfaitement intégrés, souligne le DRH : "On s'était imaginé des freins qui n'existent pas. Ils ont été invisibilisés, mais dans le bon sens du terme, fondus dans la masse des salariés. On observe une forte montée en compétences, l'objectif étant, s'ils se sentent autonomes de les embaucher en CDI."

Un atout pour l'entreprise

Pour le directeur des ressources humaines, le bilan est positif à tous les niveaux : "Il y a un changement de comportement dans la transmission et dans l'accueil des nouveaux arrivants en général. Les salariés sont fiers de cela et on constate même un gain en efficience chez l'ensemble des salariés."

En attendant de voir si cela est duplicable sur d'autres postes, l'initiative peut servir d'exemple. Avec une prise en charge du moniteur par l'ESAT, et des coûts salariaux d'un SMIC non chargé, l'entreprise mène la démarche sans investissement important, tout en assurant son rôle social.

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