Un procédé innovant pour le recyclage du composite

Les matériaux composites, composés de fibres de verre et de résine, posent un défi majeur en fin de vie. Jusqu'à présent, ces matériaux étaient soit incinérés, soit enfouis. L'innovation repose sur une technique de traitement thermique développée par la start-up suisse Composite Recycling. Ce procédé chauffe les déchets à 400 degrés sans oxygène, permettant de récupérer des fibres de verre intactes et de produire une huile de thermolyse. Cette huile est ensuite retransformée en résine par Arkema, fermant ainsi la boucle du recyclage.
Une application concrète dans la production navale
Grâce à ce processus, Beneteau envisage de produire un premier bateau de série en 2025. Pour chaque unité construite, environ 30 bateaux en fin de vie ou des chutes de production seront nécessaires afin de récupérer suffisamment de matière première. La résine recyclée Elium, développée par Arkema, facilitera également ce processus en permettant une meilleure séparation des composants lors du recyclage.
Vers une adoption plus large des composites recyclés

Si ce projet concerne d'abord l'industrie nautique, les implications vont bien au-delà. L'automobile, l'aéronautique et la construction pourraient bénéficier de ces avancées. En Europe, plusieurs pays interdisent déjà l'enfouissement des composites, renforçant la nécessité de solutions alternatives. La mise en place de cette filière pourrait ainsi servir de modèle pour d'autres industries cherchant à réduire leur empreinte environnementale.
Un enjeu économique et environnemental
Si la production en matériaux recyclés entraîne un surcoût d'environ 6 % par rapport aux constructions traditionnelles, elle représente un investissement stratégique pour anticiper les futures réglementations environnementales. De plus, la valorisation des déchets permet de limiter l'impact écologique des chantiers navals, où les chutes de production représentent jusqu'à 30 % du volume total.
L'initiative portée par Beneteau et ses partenaires ouvre la voie à un changement structurel dans la gestion des déchets composites. Reste à voir si cette approche séduira les consommateurs et si d'autres chantiers suivront cette dynamique vers un nautisme plus durable.
