"Replacé dans une réalité économique, les gens veulent bien acheter un bateau classique !"

Mariquita bat pavillon français et breton ! © Kaori

Benoît Couturier, nouveau propriétaire du 19 MJI Mariquita, ambitionne de créer un nouveau pôle de bateaux classiques à Brest. Mais pour cela, le collectionneur issu du monde automobile, veut réformer un milieu de la belle plaisance qu'il juge sans concessions.

Les propriétaires de bateaux classiques découragés

Arrivé il y a peu dans le milieu des voiliers classiques avec l'achat du 19 MJI Mariquita, Benoit Couturier a été désagréablement surpris par le fonctionnement du secteur. Collectionneur de voitures, il s'étonne des différences et décrit sans détours ce qu'il qualifie de prise d'otage. "Je ne suis pas un marin. Mon métier de base est l'architecture. J'ai toujours été intéressé par le beau et le rare. Les objets viennent à vous ou non. Il y a une force qui vous fait les acheter, comme quand j'ai vu Mariquita. Mais il y a un problème quand on vous dit qu'il y a 2 moments où vous serez heureux avec un bateau : quand vous l'achetez et quand vous le revendrez. On est pris en otage d'un bout à l'autre. On m'a tout de suite dit qu'il faudrait deux personnes à bord toute l'année. C'est une bêtise. La saison dure 12 semaines par an. Le reste du temps, le bateau est en hivernage. Une personne qui passe tous les 3 jours, cela suffit. Quand vous replacez les choses dans la réalité économique, les gens veulent bien acheter un bateau classique."

Arrivée à Brest de Mariquita © Kaori
Arrivée à Brest de Mariquita © Kaori

Il conteste aussi le système d'assurance, qu'il prétend faire changer comme cela a été possible dans l'automobile. "Pour Mariquita, le bateau vaut 4/5 M€, mais je ne veux pas assurer la valeur vénale du bateau. On me propose 1 contrat identique pour l'année à 50 000€, alors qu'il ne navigue que 12 semaines par an. Il faudrait deux types de contrats, un pour l'hivernage et un en saison. Le monde change, il faut s'adapter car le système décourage les propriétaires. Ces œuvres d'arts sont dévaluées" regrette Benoit Couturier.

Yann Mauffret, Chantier du Guip, et Benoit Couturier © Kaori
Yann Mauffret, Chantier du Guip, et Benoit Couturier © Kaori

Une alternative atlantique à la Méditerranée

Dans sa volonté de faire évoluer le monde de la voile classique, Benoit Couturier veut créer un pôle pour les bateaux de la belle plaisance en Atlantique. Des flottilles existent déjà au Yacht Club Classique de La Rochelle ou à Port-Louis, mais l'armateur de Mariquita, dont le port d'attache est Brest, affiche des ambitions internationales. "Les Voiles de Saint-Tropez ne sont qu'une création de la municipalité pour faire durer la saison. Après le 15 octobre, les bateaux sont bloqués en Méditerranée et on a construit une industrie autour. A Brest, on n'est pas loin des britanniques qui eux aiment la régate. On a un chantier, le Guip, qui a la volonté d'accompagner l'histoire. Le port n'avait pas bien compris. Mais quand le bateau est arrivé, cela a été un succès populaire et quand les gens sont contents, les politiques sont contents !" explique le propriétaire de Mariquita.

Pôle de voiliers classiques de La Rochelle
Pôle de voiliers classiques de La Rochelle

Vers un Brest Classique ?

Pour soutenir son projet, Benoit Couturier veut mobiliser les propriétaires de bateaux classiques en Atlantique et convaincre des financeurs pour soutenir rassemblements et régates. "On n'en est qu'au début du début. Pour cet été , j'ai contacté des propriétaires de bateaux et j'ai demandé à Jacques Caraës de me faire un programme pour 12 semaines de saison. L'objectif est de rassembler des bateaux dès cette année. Pour 2022, je me suis mis d'accord avec les anglais pour que l'on fasse une course de Brest jusqu'à l'Ecosse pour la Fife Regatta et une redescente jusqu'à Cowes. Il faudra ensuite trouver un événement comme la Brest Classique. Il y a une opportunité car on est moins chers que la course au large qui nécessite 50 budgets de 10 M€. Pour une course, il suffit d'un M€. On a monté Le Mans Classique et il y a aujourd'hui plus de monde qu'aux 24H du Mans" conclut, optimiste Benoit Couturier.

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