Litige assurance : le Wing Group obtient gain de cause contre les Lloyd's Syndicates

Un conflit opposait depuis 2020 le Wing Group aux Lloyd's of London Syndicates. L'affaire, jugée en Californie, révèle les mécanismes d'un contentieux lié à l'assurance M&A. Le verdict, lourd de conséquences, pourrait servir de référence pour les industriels du nautisme.

Assurance M&A : une clause de rachat sous haute tension

La société américaine Wing Group, bien connue dans l'univers de la sécurité nautique, s'est retrouvée au cœur d'un bras de fer judiciaire avec les Lloyd's of London Syndicates. À l'origine du litige : une police d'assurance « representations and warranties » contractée lors d'un rachat industriel en 2019. Cette couverture, utilisée pour se prémunir contre d'éventuelles irrégularités financières post-acquisition, a été mobilisée en 2020 à la suite de découvertes comptables douteuses. La demande d'indemnisation fut rejetée.

Ce refus, interprété comme une stratégie dilatoire, a conduit le Wing Group à entamer une procédure pour mauvaise foi. Ce type d'assurance est pourtant fréquent dans les opérations de croissance externe, notamment dans le secteur nautique où les montages financiers sont souvent complexes.

Une décision de justice qui souligne les dérives du secteur assurantiel

Le procès s'est tenu pendant trois semaines devant la San Francisco Superior Court. Le jury a tranché en faveur du Wing Group sur l'ensemble des griefs. Résultat : plus de 19 millions de dollars d'indemnités dont 15 millions de dommages punitifs.

Cette décision met en lumière les pratiques critiquées d'un acteur historique de l'assurance maritime. Obstruction, négligence et défaut de dialogue ont été retenus comme éléments aggravants. Si ce jugement reste susceptible d'appel, il envoie un message clair aux professionnels du secteur nautique : même les géants du courtage ne sont pas au-dessus des engagements contractuels.

Des coûts juridiques en débat, et des recours encore ouverts

Parallèlement au jugement, deux recours restent actifs. D'un côté, Lloyd's a fait appel de la condamnation aux dommages punitifs. De l'autre, Wing conteste le refus de remboursement de ses frais d'avocats.

L'intérêt de l'affaire pour les professionnels du nautisme est double. Il interroge d'abord sur la fiabilité des assurances spécifiques aux opérations de fusion-acquisition. Il souligne ensuite les enjeux juridiques et financiers induits lorsqu'un assureur refuse de remplir ses obligations. Ces procédures peuvent avoir des répercussions lourdes sur la trésorerie et l'activité opérationnelle.

Un groupe actif dans les équipements plaisance et professionnels

Le Wing Group se positionne comme fournisseur majeur d'équipements de sécurité maritime : gilets, radeaux de survie, embarcations gonflables et vêtements étanches. Sa structure fédère plusieurs entités connues : Mustang Survival, Wing Inflatables, Henshaw Inflatables ou encore FabTek Industries.

Cette diversité industrielle permet au groupe d'intervenir dans différents segments de la sécurité nautique, du loisir aux applications militaires. Un modèle verticalisé qui nécessite, pour ses acquisitions, des garanties contractuelles robustes. L'affaire avec Lloyd's démontre l'importance de la solidité des dispositifs assurantiels, même dans un environnement réputé structuré.

Elle montre également l'intérêt croissant de suivre les contentieux hors Europe, notamment aux États-Unis, où la jurisprudence peut influencer les pratiques des réassureurs internationaux.

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