Interview / F2N : " Il faut remettre les plaisanciers à bord et en navigation "

Franck Leclercq, président de la Filière Nautique Normandie

Franck Leclercq, nouveau président de la Filière Nautique Normande (F2N), présente à BoatIndustry ses projets pour la plaisance en Normandie et son institution, ainsi que les difficultés du secteur.

Vous avez été élu à la tête de la Filière Nautique Normande le 14 juin 2017. Pouvez-vous nous rappeler le parcours qui vous a conduit à ce poste ?

Franck Leclercq : Professionnellement, je ne suis pas né dans le nautisme. J'ai commencé par travailler dans les secteurs de l'industrie, des travaux publics et du bâtiment, au sein de grands groupes, avec des responsabilités importantes. Par contre, j'ai toujours pratiqué la voile comme loisir. J'ai appris avec mes parents et navigué en croisière à bord d'Arpèges, Corsaires et autres voiliers de cette époque. Je fais partie de cette dernière génération de propriétaires de bateaux, qui a tendance à disparaître avec l'évolution des modes de consommation. Passionné par la croisière et la régate, convaincu comme client que l'on pouvait y améliorer les choses, je me suis naturellement tourné vers le nautisme lorsque j'ai voulu investir dans une entreprise pour une 2ème partie de carrière plus orientée vers le plaisir. En 2007, j'ai racheté le Chantier Naval Chantereyne, une affaire rentable avec deux sites à Cherbourg et Granville et concessionnaire de grandes marques. Déjà habitué des syndicats interprofessionnels dans le BTP, je me suis vite investi, devenant président des professionnels à Granville au bout de 6 mois. Alors que le milieu était traumatisé par la crise de 2008, j'étais convaincu que c'est en mutualisant les savoir-faire et en faisant des deals gagnant-gagnant entre confrère que l'on pouvait survivre. Je me suis donc impliqué dès la création de la F2N en 2009, avec Stéphane Constance du groupe Grand Large Yachting, l'un des initiateurs du projet. Après m'être éloigné quelques années, je reviens en force pour faire avancer la F2N.

Projet Base-Mer porté par la F2N

Quels sont les principaux travaux que vous souhaitez engager à la F2N ?

FL : Mon objectif est de donner un tournant plus concret aux actions de la F2N. Il faut certes de l'innovation, mais nous ne devons jamais perdre de vue que le but est de ramener du business à nos adhérents. On ne fait pas des réunions pour envoyer des bateaux sur la lune ! Je souhaite que le conseil d'administration passe en mode gestion de projets. Chaque membre du CA sera responsable d'un projet compréhensible pour les adhérents et dont l'avancement sera contrôlable et mesurable. Un bilan sera dressé à la fin de mon mandat.

Pouvez-vous nous donner un exemple de projet?

FL : Je peux vous citer mon projet. Son objectif est de remettre les plaisanciers à bord et en navigation. Un bateau qui navigue est entretenu, on le refit, ce qui apporte du travail aux entreprises du nautisme. S'il reste au port, il finit par être oublié là ou revendu. Je souhaite donc mettre en place une plateforme tutorielle en ligne qui donne des programmes de croisière en Normandie, avec des conseils et les contraintes techniques comme les courants, le tirant d'eau disponible au mouillage, etc...

D'autres administrateurs ont proposé de travailler sur un salon international de la voile ou des packages touristiques Terre-Mer. La mission export qui existe déjà est elle-aussi un projet à part entière, qui rencontre un vrai succès.

Stand d'entreprise de la F2N au Boot Dusseldorf, soutenue par la mission export

Quels sont les défis à venir pour la F2N?

FL : Le budget de la F2N est de quelques centaines de milliers d'euros, avec un salarié permanent. Il est financé par le Conseil Régional, les cotisations des membres et les bénéfices de certaines actions de la F2N. On a un beau patrimoine nautique en Normandie, mais il n'a pas toujours été facile de faire passer ce message auprès de certains élus. Avec le rapprochement des 2 Normandie, certains veulent mettre le nautisme dans une vaste filière de la mer et du fluvial. Il va nous falloir y trouver notre place en gardant notre identité et notre budget, dans un contexte de financement public difficile. C'est un beau défi.

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