Le groupe Chemins d'Océans en redressement judiciaire
Le milieu des concessions de vente de bateaux est en pleine évolution en France. L'émergence de grands distributeurs nautiques, à l'image des autres marchés européens de la plaisance, semble probable. Dans ce contexte, l'annonce du placement en redressement judiciaire du groupe Chemins d'Océans, plus gros concessionnaire français du groupe Bénéteau, à travers les marques Lagoon, Bénéteau, Four Winns et Scarab, avec environ 150 bateaux par an, peut surprendre. Nous avons interrogé Pierre Trauchessec, président de l'entreprise, pour en savoir plus sur le contexte.
Pouvez-vous nous expliquer le contexte qui a mené au placement du groupe Chemins d'Océans en redressement judiciaire ?
Pierre Trauchessec : Cette difficulté intervient 1 an après l'acquisition du groupe Massif Marine. L'opération a été finalisée en octobre 2017 et c'est donc le premier exercice comptable depuis la reprise. Il y a eu un cumul de problèmes liés à des éléments externes et internes qui ont entraîné des difficultés de trésorerie. Il a fallu gérer une entreprise qui a doublé de taille, en multi-site et en multi-équipe.

Quels ont été les problèmes rencontrés ?
D'une part, les délais de livraison en 2018 se sont allongés, particulièrement sur les catamarans, retardant les encaissements. J'ai tendance à dire que l'on n'a jamais vendu autant de catamarans et que l'on n'en a jamais livré aussi peu qu'en 2018. On a également eu un problème de rotation de stock sur les marques américaines Four Winns et Scarab, difficiles à vendre.
D'un autre côté, la structure a grossi avec une forte masse salariale.
Qu'attendez-vous de la procédure de redressement pour le groupe Chemins d'Océans ?
La procédure est lancée séparément pour chacune des entités du groupe. L'objectif est de protéger la pérennité des activités et d'avoir une période d'oxygénation, avec un gel des dettes bancaires. Nous allons pouvoir envisager un ré-étalement avec un niveau de remboursement plus conforme au niveau de rentabilité d'une entreprise du nautisme.

Quelles vont être les conséquences pratiques et stratégiques ?
Il n'y aura pas de conséquence localement sur l'activité dans la vente, les magasins et les ateliers. Nous allons devoir réaliser un plan de licenciement économique sur les fonctions groupes pour restaurer un ratio de masse salariale plus conforme à l'activité. (Le groupe emploie aujourd'hui 85 permanents et une dizaine de saisonniers.).
Du point de vue stratégique, on va se recentrer sur nos activités. Lagoon et Bénéteau nous ont apporté leur soutien. En revanche, on ne va pas continuer sur la voie Four Winns et Scarab. On va également poursuivre avec Accastillage Diffusion, Suzuki et Mercury. Il s'agit de trouver le bon réglage car dans le nautisme, dès que l'on s'éloigne de l'épure, on est vite rattrapé.