Faire un bateau globalement éco-responsable
Avant de trouver l'appellation Windelo, le nom de code du projet était Eco-Cata. C'est dire si l'aspect écologique fait partie des premiers ingrédients de la recette d'Olivier Kauffmann pour le lancement de sa nouvelle marque de catamaran. En ces temps de greenwashing, la tendance est classique, mais l'entrepreneur semble sincère et témoigne d'une volonté de réflexion globale. "Le côté éco-responsable est là depuis le début du projet. Cela touche tous les aspects, le bateau, mais aussi la conception de l'usine, la façon de travailler et l'utilisation du bateau."

Un programme de recherche sur les matériaux
Si les résultats ne peuvent pas encore être divulgués, Olivier Kauffmann raconte une démarche lancée depuis plusieurs années pour trouver le bon matériau pour la construction des catamarans Windelo. "On a lancé un programme de recherche avec l'école des Mines d'Alès. J'ai investi des fonds propres et levé des fonds, obtenu des subventions de l'Ademe pour travailler sur les nouveaux composites. Le but est de développer notre matériau. On a commencé par caractériser ce qui existe sur le marché pour pouvoir ensuite comparer nos solutions avec les autres matériaux. On a déposé des brevets et l'on va pouvoir utiliser notre nouveau sandwich avec des fibres alternatives au verre. On travaille encore sur les résines. On est arrivé à la phase de développement et de prototypage sur de vraies pièces du bateau. On règle le process industriel."
Construction sur marbre
La construction classique des bateaux de plaisance en composite utilise des moules. Cette solution impose des investissements coûteux et rend la production moins souple. "En évoquant le projet Windelo avec tous les capitaines d'industrie du nautisme, ils me parlaient toujours de moule. Ça les bloque. J'ai donc pensé à une solution assemblée, avec de très grands panneaux développables construits sur un marbre, une technique qui existe déjà. J'ai la conviction que les modèles doivent changer vite et cela permet de s'adapter." Pour des entrées d'eau plus fines, Windelo conserve un moule de fond de coque, mais le reste du voilier est fait de panneaux assemblés. Le constructeur limite ainsi l'impact environnemental lié aux outillages inutiles et se garde la possibilité du bateau sur mesure.
Une usine de bateaux démontable
L'usine de fabrication des catamarans Windelo devrait être livrée en juillet 2019 à Canet-en-Roussillon. Installée sur un terrain de 10 800 m² bord à quai, dont 7 500 m² constructibles, la première séquence de travaux prévoit 1 700 m² de bâti. Un phasage est prévu pour suivre l'évolution de la demande en multicoque. "J'ai fait le choix de la France après avoir fait un tour du monde des possibilités. C'est un mélange de conviction et de pertinence économique. Il y a une volonté de la région Occitanie, le soutien de l'agglomération de Perpignan et un tissu industriel avec un savoir-faire dont nous bénéficions avec la collaboration de Jean-Pierre Prade, le fondateur de Catana."explique Olivier Kauffmann.

Mais dans une démarche d'éco-responsabilité, l'usine ne doit pas devenir une friche industrielle à la fin de l'expérience. L'entrepreneur a intégré ce paramètre dans son projet de bâtiment. "J'ai ressorti un projet de maison en conteneurs que j'avais du abandonné il y a quelques années. L'idée est celle d'une usine démontable, avec des parois en conteneurs qui accueillent les bureaux et le stockage. On peut si besoin la remonter plus loin." Un souci particulièrement pertinent dans une région concernée par la montée des eaux...