2020 : Heureuse surprise pour l'industrie nautique
En introduction de la table ronde virtuelle tenue lors du METSTrade 2020 autour de l'état de l'industrie nautique, Sara Anghel, présidente de l'International Council of Marine Industry Associations (ICOMIA), a présenté quelques chiffres illustrant la disparité de la situation de la plaisance mondiale. Si des pays comme la Croatie affichant une baisse de 35% du chiffre d'affaires de sa filière plaisance, la location étant durement touchée par les restrictions de déplacements ou comme l'Italie, très impactée par la 1ère vague de Covid-19 dont les ventes ont chuté de 13%, d'autres ont constaté des dynamiques positives. L'Amérique du Nord a connu ses meilleures ventes depuis 13 ans. Frank Hugelmeyer, président de la National Marine Manufacturers Association (NMMA) aux Etats-Unis résume la situation d'une phrase. "Le nautisme est l'une des industries qui a le plus profité de la crise ! Tous les constructeurs ont 8 à 12 mois de commandes, les stocks des concessionnaires étant vides."

Consolider et garder les nouveaux plaisanciers
L'ensemble des acteurs se félicite également de l'arrivée sur l'eau de nouveaux plaisanciers et du taux de navigation des propriétaires. "Certains clients ont gagné beaucoup d'argent pendant la crise. Ils ont regardé ce qu'ils pouvaient faire dans leur région et ont décidé d'acheter un bateau" estime Lawrence Chow de la Hong Kong Boating Industry Association (HBIA). Le constat touche également les personnes plus modestes, au vu des ventes de petits bateaux aux Etats-Unis. Andrea Frabetti, dirigeant du chantier britannique Sunseeker, se réjouit : "90% des propriétaires ont navigué sur leur bateau en 2020 contre 70 à 80% en général".
Pourtant, l'enjeu pour les chantiers sera de maintenir ces aspects positifs de la crise liée à la Covid-19. "Tout le monde a l'air d'aller bien dans le nautisme cette année, mais il n'y a eu aucune concurrence. Quand les parcs d'attraction Disney, les croisiéristes et les voyagistes seront de retour, ils seront particulièrement agressif "prévient Frank Hugelmeyer. Savoir garder les nouveaux plaisanciers sera donc un enjeu majeur. Il souligne : " Une étude aux Etats-Unis montre que si quelqu'un commence une activité de plein air entre 5 et 18 ans, il la pratiquera toute sa vie. Cela peut donc nous suivre au moins une dizaine d'années. L'entrée de gamme et la qualité de la première expérience de la plaisance est essentielle pour faire venir de nouveaux plaisanciers."

Articuler salons nautiques et digital
Face à l'annulation des salons, le digital a renforcé son poids dans la commercialisation des bateaux. Pour autant, les professionnels croient en la nécessité des rencontres physiques. "Tout le monde a réalisé l'importance des salons. Ces dernières années, certains avaient un discours sur le fait de préférer économiser le coût des salons ou organiser des événements privés. Mais on voit la nécessité de maintenir l'attrait pour les clients. Beaucoup de nos clients viennent de l'étranger et cela a été compliqué. L'achat d'un yacht est une expérience. Les clients ont envie de voir la construction, toucher, discuter avec les architectes..." regrette Andrea Frabetti.
"On verra un marketing hybride, car il faut être attentif que tout le monde ne peut pas être bon dans le digital. Il y aura une consolidation des salons, avec des difficultés pour ceux qui n'ont pas assez de retour sur investissement "estime le président de la NMMA. Le représentant du nautisme Hong-kongais ajoute : "Les salons nautiques seront plus petits et plus adaptables."