Brexit : Quels impacts sur les importations du nautisme français ?

Lewmar fait partie des marques britanniques emblématiques du nautisme

Le Royaume-Uni est un acteur majeur du nautisme européen. Quelles sont les conséquences de son retrait de l'Union Européenne sur la plaisance en France ? Nous avons interrogé des professionnels, 2 mois après le Brexit.

Brexit : des impacts logistiques forts sur l'import du matériel de plaisance

Si certains importateurs de bateaux comme RIBCraft affirment ne pas être impactés par les effets du Brexit, de nombreux interlocuteurs de la filière rapportent des difficultés importantes depuis le départ du Royaume-Uni de l'Union Européenne. Le 1er écueil est d'ordre logistique, avec le rétablissement du contrôle du matériel importé et du traitement par les douanes. Les délais administratifs sont encore mal maîtrisés et ont été peu anticipés par les britanniques. "Les tracking des transporteurs fonctionnent mal. Même avec des fournisseurs comme Spinlock, très carrés qui ont anticipé l'administratif, on peut avoir des colis partis le 6 janvier qui n'arrivent que le 20 février. Et parfois sur 10 colis, en avoir un qui passe sans facture et collecte de la TVA" témoigne Patrick Carro, gérant du distributeur Interdist. "Beaucoup de fournisseurs n'y croyaient pas et ne s'étaient pas préparé. Les flux ne sont pas encore revenu, mais on espère que c'est momentané et que tout le monde va se mettre en phase. On a fait un grand bon en arrière de 30 ans, mais on a eu la chance d'être épaulé par le pôle entreprise des douanes de Poitiers qui ont été de vrais partenaires pour résoudre des problèmes bloquants" résume Thierry Lambot de l'importateur Tecmar.

Lewmar réalise une partie de ses hublots au Royaume-Uni
Lewmar réalise une partie de ses hublots au Royaume-Uni

Des coûts supplémentaires et de la complexité pour les chantiers navals et les accastilleurs

L'impact du Brexit est également financier. Les produits sont désormais soumis à des taxes de douanes et à un nouveau régime de gestion de la TVA. Les importateurs ont du répercuter une partie de ces coûts, tout en absorbant une partie en réduisant leur marge. "Pour une marque comme Gill où nous sommes agents. Le client est livré directement depuis l'entrepôt britannique. Chaque livraison correspond à une importation et le client doit avancer la TVA et s'acquitter des frais de dédouanement. Pour la partie en distribution, on a du augmenter nos stocks et limiter les petites commandes, pour avoir moins de frais à répercuter. Avant, on réapprovisionnait toutes les semaines chez Spinlock" explique Patrick Carro.

Spinlock propose de l'accastillage technique difficile à approvisionner ailleurs
Spinlock propose de l'accastillage technique difficile à approvisionner ailleurs

Des marques fortes dans la plaisance qui vont devoir s'adapter

Si des adaptations seront nécessaires, les britanniques conserveront un rôle fort, notamment dans l'accastillage. "On pousse à l'ouverture d'un dépôt dans l'Union auprès de nos fournisseurs. Avant c'était un avantage d'avoir du stock en Angleterre, à l'intérieur de l'UE disponible rapidement tout l'année. Ca ne l'est plus" regrette le dirigeant d'Interdist.

"Pour une marque aussi forte que Lewmar, on ne va pas aller chercher d'autres marques, mais on va plutôt réfléchir à des solutions d'importation directe quand ce n'est pas produit au Royaume-Uni ou à des plateformes logistiques. Aujourd'hui, on a anticipé en faisant du stock pour préparer la saison. Le problème sera plus au mois de juin quand un plaisancier aura cassé sa pièce et qu'il ne faudra pas gâcher ses vacances. Il va falloir savoir trouver des solutions alternatives. Ce sont les sociétés qui savent faire du service qui feront la différence" conclut le directeur de Tecmar.

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