Matthias de Christen a pris la direction des voileries du groupe Incidence en décembre 2019. Il revient avec BoatIndustry sur ses 1ers mois à la tête de l'entreprise dans un secteur nautique agité par le Covid et partage sa vision pour l'entreprise.
Pouvez-vous revenir sur les éléments marquants au sein d'Incidence Sails depuis votre arrivée ?
Je suis arrivé dans des conditions très particulières ! Il y a eu un arrêt brutal au niveau commercial avec la pandémie en mars 2020, et la reprise a été très hétérogène selon les marchés. Il y a eu une reprise étonnante et rapide dans la plaisance en seconde monte. Au niveau des chantiers en 1ère monte, qui représentent 50% de l'activité d'Incidence Sails, c'est également hétérogène, certains étant revenus au niveau d'avant-crise, d'autres ayant plus de difficulté à retrouver un rythme industriel. Pour les chantiers de niche avec lesquels nous travaillons beaucoup, l'enjeu est plus de regarnir le carnet de commande à plus long terme. Leur clientèle a été peu impactée.
L'autre effet du Covid pour nous est la tension sur tous les approvisionnements au niveau mondial. On s'approvisionne à 95% en France et en Europe, mais nous sommes touchés sur les achats de tissus car nos fournisseurs ont du mal à s'approvisionner en fibres polyester, dyneema ou aramide et en résine pour les membranes. On l'avait vu venir, mais pas dans ces proportions. Cela s'est aggravé dans les 6 dernières semaines. L'inflation des coûts pourraient devenir problématique.
Il y a également eu des bonnes nouvelles en 2020, avec le succès du Vendée Globe que l'on a évidemment suivi. Nous avons déménagé dans nos nouveaux locaux à La Rochelle en juin 2020 sur un plancher de 3500 m², le 2ème plus grand d'Europe. On a réussi à basculer toute la production en 4 jours. Cet outil de production et ses nouvelles machines vont permettre un vrai gain de compétitivité et aider à développer le Made In France.
Quels sont les investissements en cours pour Incidence Sails ?
Le nouveau plancher de Lorient, de plus de 350 m² devrait être opérationnel dans les semaines qui viennent. Du côté d'Incidence Technologies, nous avons décidé d'un investissement massif de plus d' 1 M€ pour développer la capacité de production de la membrane Dfi. Nous réalisons une intégration amont sur la fabrication, avec une ligne d'imprégnation pour réaliser les tapes nécessaires à la production des voiles. On gagne en capacité et en réactivité. La membrane Dfi a un avenir devant elle en course au large, mais pas seulement ! Aussi en IRC et en course-croisière.
Quelles différences avez-vous vu avec vos expériences industrielles ?
Je viens du packaging, à la fois dans des entreprises familiales et des grands groupes. Je pense qu'il y a encore des marges de manœuvres pour gagner en efficacité et process, mais je mesure à quel point il ne faut pas perdre de vue l'accompagnement particulier de chaque client et le niveau de demande très différents entre plaisanciers, teams de course au large ou chantiers. Il faut savoir garder le côté couteau suisse propre à l'activité de voilerie. Les voiles ne seront jamais tout à fait un produit industriel.
Quels sont vos grands chantiers à venir ?
Le 1er axe est de continuer à développer le Made In Fran,ce, ce qui est un vrai défi. Le deuxième est de continuer à penser durablement. La voile est en soi durable, mais il faut aller plus loin, avec les matériaux recyclés et biosourcés, le recyclage des vieilles voiles, les circuits courts. Nous faisons déjà livrer nos voiles en France, qui partent avec les bateaux du chantier. Le dernier axe est de faire mieux connaître la marque Incidence Sails en dehors de France.
