Interview / Sécurité en mer : "Le regard des plaisanciers a changé"

Les gilets de sauvetage font désormais partie des équipements personnels de base, et sont personnalisés au même titre que les vê © Jean-Marie Liot

Cathy Millien, fine connaisseuse du domaine de la sécurité en mer après 41 ans chez Plastimo, partage son regard sur les grands changements du secteur.

Arrivée chez Plastimo en 1979, Cathy Millien dispose d'une place privilégiée pour témoigner de l'évolution du secteur des équipements de sécurité en mer, dont la marque lorientaise est un acteur majeur. Elle partage avec BoatIndustry ses réflexions sur les mutations du domaine.

Comment a évolué pour toi la perception des équipements de sécurité en mer depuis tes débuts dans le secteur ?

Je pense que c'est lié aux évolutions de la vie quotidienne. Quand j'étais petite et que l'on faisait du roller, on ne mettait pas de coudière, de genouillère ou de casque. Aujourd'hui, on n'imagine pas de faire faire de la trottinette à un enfant sans casque. La sécurité est partout au quotidien. Quand on met un gilet fluo sur un vélo en ville, personne ne se pose plus la question du ridicule. C'est pareil avec le gilet de sauvetage à bord d'un bateau, alors qu'il y a 10 ans, on avait peur du regard des autres. Le gilet est vu comme un équipement personnel que l'on a dans son sac, au même titre que les bottes, les gants ou la veste de quart. La sécurité n'est pas une option.

Les gilets gonflables ont marqué un tournant de la sécurité dans la plaisance (Droits : Hervé Cohonner)
Les gilets gonflables ont marqué un tournant de la sécurité dans la plaisance

Comment cela se traduit-il dans la conception et la vente des produits ?

Aujourd'hui, la sécurité individuelle se rapproche du vêtement. Pour un gilet de sauvetage, on travaille le style, le look et les couleurs, mais aussi l'ergonomie. Il y a une réflexion sur le poids, l'encolure, la sangle pour que le poids soit bien réparti et ne pèse pas sur le cou. Il y a 15 ans, notre réflexion était presque exclusivement sur l'opérationnel : le gilet devait permettre de flotter et de se faire repérer… Mais encore fallait-il qu'il soit porté et non pas dans le coffre ! Aujourd'hui, en plus de la fonctionnalité obligatoire, on soigne les effets de matière, les liserés de couleurs, on suit les tendances et les matières high-tech avec des stylistes exerçant dans d'autres activités d'outdoor. Ce sont tous ces éléments qui font que le gilet est effectivement porté.

Le radeau de survie est également intéressant comme produit sur lequel communiquer. C'est un produit ressenti comme pas très sympathique : on est réglementairement obligé de l'acheter, il coûte à l'achat, il coûte en révisions, on fait confiance sans trop savoir ce qu'il y a dans la boîte et en plus, on espère ne jamais l'utiliser ! Mais on est bien loin d'une piscine gonflable de jardin : c'est un produit extrêmement technique, chaque valve, chaque clapet a une fonction précise et à la percussion, on n'a pas le droit à l'erreur. C'est aussi un produit sur lequel le Bureau d'Etudes Plastimo travaille beaucoup, mais les innovations ne se voient pas… Donc quand j'ai l'occasion d'expliquer tout ça, ou de commenter la fabrication lors d'une visite d'usine… je me régale : il y a tellement à faire découvrir sur un radeau de survie.

La fabrication des radeaux de survie est plus technique qu'il n'y parait.
La fabrication des radeaux de survie est plus technique qu'il n'y parait.

Quelles sont, selon toi, les évolutions majeures de la sécurité en mer qu'a connu le secteur pendant ta carrière ?

La première est l'évolution du gilet avec l'apparition du gilet gonflable. Il est devenu plus agréable à porter et son prix a beaucoup baissé. Grâce à cela, désormais, les gens portent leurs gilets.

L'autre équipement est la balise de détresse individuelle. C'est devenu quasi standard. Les balises individuelles ont profité de la même miniaturisation que le téléphone, passé du GSM des années 1990 au téléphone portable actuel : même évolution avec plus de performances, moins d'encombrement et pour un prix réduit. Il ne faut plus s'en priver. Globalement, il n'y a plus d'excuse !

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