Une plateforme de co-développement pour les futurs bateaux
Déjà évoqué lors du salon de Cannes, le plan stratégique Odyssea 24 du groupe Fountaine Pajot se précise. Le constructeur rochelais de bateaux de plaisance sous les marques Fountaine-Pajot et Dufour Yachts a détaillé plusieurs éléments concernant sa traduction industrielle et dans l'usage de ses voiliers dans le futur. "Nous avons mené des analyses de cycle de vie exigeants sur nos bateaux avec une utilisation sur 20 ans et sur l'entreprise. La conclusion est que 80 % des émissions de CO2 viennent de la phase d'utilisation du bateau. Avec notre objectif d'offrir une croisière décarbonée en 2030, c'est donc sur cette partie utilisation que l'on a besoin d'aller chercher l'innovation" explique Romain Motteau directeur général délégué du groupe.
Dans ce but, Fountaine-Pajot annonce la création d'OD Sea Lab, présenté comme une plateforme d'innovation en commun. "On doit aller chercher les bons entrepreneurs et les bonnes solutions, éventuellement les mariniser. Il n'y a pas de tabou. On peut s'associer sous toutes les formes, comme partenaire, avec des liens capitalistiques ou juste en sous-traitance. Pour nous, c'est une nouvelle façon de travailler avec plus de co-développement, en adaptant les solutions avec les sous-traitants et les fournisseurs" précise Romain Motteau.

Des catamarans électriques ou hybrides hydrogène
Le groupe accélère son calendrier de développement, dont les premiers effets sont attendus dès 2022. "L'Aura 51, dont le premier exemplaire attendu au salon de Cannes sera électrique, est la genèse de l'OD Sea Lab, On a monté un écosystème avec des moteurs électriques, des batteries, un spécialiste du fraisage aluminium... Et coordonné tout cela pour qu'à la fin le client n'ait plus besoin d'allumer de moteur thermique sur son catamaran" se réjouit le directeur général délégué de Fountaine-Pajot.
Un deuxième catamaran, de 59 pieds, intégrant une pile à hydrogène doit voir le jour en 2023. Le voilier, avec un programme de croisière à la semaine aux Antilles devrait fonctionner sans utiliser son groupe électrogène thermique de secours, avec une pile à combustible, des panneaux solaires, des batteries et l'hydrogénération sous voile grâce au moteur électrique. "Là aussi, on a monté l'écosystème pour fournir aussi l'hydrolyseur pour produire au plus proche du bateau l'hydrogène nécessaire en mode propre" insiste Romain Motteau
Des voiliers Dufour en matériaux durables
Les monocoques de Dufour auront la primeur des innovations matériaux d'ici 2023. "On tient à ce que les innovations ne soient pas que pour les plus gros bateaux. Le projet porte sur les bio-matériaux ainsi que les matériaux recyclés." indique le responsable.

Produire les bateaux de façon plus durable
Si elles ne représentent que 20 % des émissions de CO2 dans l'analyse de cycle de vie des bateaux, les conditions de production sont un autre levier d'amélioration. "50 % du défi pour la production réside dans la réduction des consommation de gaz et d'électricité utilisés notamment pour le chauffage de nos usines. Cela passe donc par l'isolation des bâtiments et un objectif de 50 % de production locale. Il y a aussi un aspect de sourcing des matières, et des emballages. Au final, tout cela représente un gros volume d'investissement et de changement. C'est pour cela que l'on se projette sur 8 ans" conclut Romain Motteau.