Bathô, nouvelle direction et nouveaux projets pour les habitations insolites

Bathô, chantier naval nantais peu commun, donne une nouvelle vie aux bateaux non utilisés en les transformant en habitation insolite. Repris par un nouveau groupement associatif en 2021, l'entreprise a développé de nouveaux produits et compte déployer son activité. Entretien avec Thibault Saint Olive.

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Une reprise fin 2021

Le chantier naval Bathô est fondé en 2017 par Romain Grenon et Didier Toqué. Dans leurs locaux de Rezé, ils transforment de vieux bateaux non utilisés en habitation insolite. Le Covid ayant raison de leur activité, ils passent le flambeau à trois repreneurs : le groupe associatif SOS qui œuvre dans l'économie sociale et solidaire d'insertion et la gestion de projets sociaux, le Darwin Camp de Bordeaux, tiers-lieu de l'économie circulaire et l'entreprise de communication vannetaise Profil Grand Large de l'ancien skipper Damien Grimont.

Une production augmentée et de nouveaux produits

Thibault Saint-Olive, architecte naval de formation, assure le rôle de directeur et de chef d'atelier de l'entreprise d'up-cycling. Auparavant, il a travaillé 4 ans au Bangladesh pour créer des bateaux "utiles", pêche, école… et au sein du chantier Amel sur la menuiserie de l'Amel 50 et la mise en production de l'Amel 60. Il explique : "À la reprise fin 2021, le chantier existait depuis 4 ans et avait réalisé 19 bateaux. Depuis, nous avons transformé plus d'une dizaine de bateaux et développés de nouveaux produits, des demi-bateaux transformés en espace de pique-nique, en pointe sanitaire, en boîtes à livres… L'ambition est de passer à une cinquantaine de bateaux en 2025-2026 avec un changement de locaux. On travaille sur des projets de village de l'économie circulaire avec le groupe SOS qui a repris la main sur un habitat insolite touristique dans le sud. Il y a 26 bateaux à installer en 2027 et on démarre la première dizaine l'année prochaine. On travaille aussi avec la ville de Quiberon et son camping municipal pour y intégrer un village de bateaux saisonnier autonome énergiquement. Il y a beaucoup de choses à faire dans le programme de développement."

Transformer les bateaux en épaves
Transformer les bateaux épaves

500 heures de travail pour transformer un bateau

Le chantier travaille principalement en BtoB, même si son dirigeant est conscient des freins économiques inhérents à la remise en état d'un bateau : "Un bateau coûte entre 26 000 et 28 000 €, auxquels s'ajoutent des frais de transport et d'installation. Un camping va l'amortir en quatre ans, quand un Mobil-home dont la plage d'utilisation est plus importante, car mieux isolé, est amorti en deux ans. Malgré la rationalisation de la production, je ne peux rien commercialiser moins cher. Il faut compter 500 heures de travail par bateau plus le coût des matériaux. C'est plus compliqué de rénover un bateau pour lui donner une seconde vie que la mise en œuvre d'un Mobil-home préproduit. L'idée est de vendre un ou deux bateaux sur les campings, en plus de ce qu'ils ont. Ce n'est pas le produit le plus économique, mais on prolonge la vie de ces vieilles dames de 10 ou 15 ans, en attendant de savoir mieux les recycler, notamment le composite."

Affiliation à l'APER et une collaboration avec les Affaires Maritimes

Fin septembre 2022, Bathô a signé un partenariat officiel d'affiliation à l'APER pour travailler le circuit de valorisation des déchets "bateaux." Thibault explique : "Je ne suis pas un centre de tri de déchets, je valorise par transformation." L'entreprise est également en relation avec le Ministère de la mer et les Affaires Maritimes pour trouver un statut à ces bateaux transformés, qui, bien que hors de l'eau, sont toujours immatriculés.

Un Sangria transformé en habitation insolite
Un Sangria transformé en habitation insolite

Rationaliser la production

Pour l'année 2023, Thibault Saint-Olive cherche à rationaliser la production sur quelques modèles de bateaux. Par le biais d'une discussion téléphonique avec l'APER, il indique les modèles dont il a besoin et se met en relation avec les propriétaires. Il travaille principalement sur des modèles d'avant les années 80, qui sont ensuite dépollués, désodorisés, dépouillés de leurs moteurs et batteries. Il explique : "Je trie les matières rachetées, les chutes de composites, le bois... Je travaille comme un centre de tri sans réaliser les pesées et les données analytiques, mais en établissant de grandes lignes de bonnes pratiques pour formaliser la filière de la transformation à l'échelle."

Chaque bateau récupéré est ensuite transformé et rénové avant d'être vendu à des professionnels du tourisme et à quelques particuliers qui leur trouvent une nouvelle vie : salle de réunion, pointe sanitaire, bateau habitation...

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