Interview / "20 nouveaux modèles de bateau par an, un rythme digérable industriellement"

Bruno Thivoyon, directeur général du groupe Bénéteau

A l'occasion du Cannes Yachting Festival, nous avons interrogé Bruno Thivoyon, directeur général du groupe Bénéteau sur l'activité du leader français de la plaisance. Dans ce premier volet, nous nous intéressons à l'activité historique du groupe, la construction de bateaux.

Bruno Thivoyon, directeur général du groupe Bénéteau, répond aux questions de Boatindustry sur l'actualité du constructeur de bateaux de plaisance.

Quelle est la situation pour le groupe Bénéteau à l'heure où il aborde les salons d'automne ?

Nous sommes de retour dans la "vraie vie". Il n'est plus question de Covid, et les tensions sur les approvisionnements sont de retour à un niveau qui ne perturbe plus les activités industrielles. Après 3 années et demie de folie , nous allons voir quelle est la "nouvelle normalité."

Le Covid a réellement ralenti l'activité de charter et a amené de nouveaux clients au nautisme, avec leur propre bateau sur remorque. Il a fallu être plus flexible dans la fabrication de bateau.

Le nombre de bateaux en stock dans les réseaux est proche du niveau pré-Covid. Il est supérieur en valeur, car les prix ont augmenté avec l'inflation, et le niveau de gamme des bateaux également.

Stand Bénéteau au Cannes Yachting Festival 2023
Stand Bénéteau au Cannes Yachting Festival 2023

Qu'en est-il du nombre de nouveautés ? Est-il nécessaire de maintenir un tel rythme pour un industriel comme le groupe Bénéteau ?

20 nouveaux modèles sur un total de 120 modèles, c'est un rythme digérable sur les plans industriels et commerciaux, et c'est ce dont le marché a besoin. Nous avons beaucoup rationalisé les marques américaines et ouvert d'autres segments ailleurs. Nous avons la capacité de mettre la même énergie pour développer un bateau de 7 mètres ou un bateau de 24 mètres. C'est une force quand le marché ralentit, nous arrivons à lisser les phénomènes du marché.

Comment se passe le déploiement des programmes de recherche du groupe Bénéteau ?

Quand nous nous lançons dans l'innovation, ce n'est jamais une simple preuve de concept, mais cela s'inscrit dans une trajectoire de préparation industrielle, comme on le fait sur les résines avec Elium. Il s'agit de valider les solutions et leur intégration sur les plans industriels et commerciaux.

Si on veut que l'innovation avance, elle doit partir par le haut de gamme, une zone où le prix n'est pas le centre du critère de décision. Plus on monte en puissance, plus il devient accessible, et le volume peut ensuite faire baisser les prix.

Qu'en est-il des marchés émergents comme l'Asie ou l'Amérique du Sud, et de la production locale dont le groupe Bénéteau parlait il y a quelques années ?

Sur le plan industriel, nous restons focalisés sur ce que l'on fait. Avec le montage des usines au Portugal, en Tunisie, l'évolution de Monfalcone, on ne peut pas tout faire. L'Asie et le Brésil sont des marchés en devenir, mais sans historique local de la plaisance. L'importation de bateaux neufs en Amérique du Sud est complexe avec les taxes, et l'implantation locale sans taille critique est problématique. Pour le moment, le site brésilien est loué.

Bénéteau avait tenté un partenariat dans le semi-rigide pour ses boat clubs
Bénéteau avait tenté un partenariat dans le semi-rigide pour ses boat clubs

Vous êtes absents du marché du semi-rigide. Est-ce un choix ?

Le semi-rigide reste une proposition de valeur basse étant donné qu'il faut acheter le moteur et le pneumatique. Nous ne pouvons apporter la valeur ajoutée d'un lieu où dormir, ce qui nous éloigne de nos offres.

La conférence de presse du groupe était très masculine. Que fait le groupe pour attirer des femmes dans sa direction ?

Cela fait partie de notre stratégie RSE B Sustainable, qui n'est pas que l'aspect environnemental. Nous avons notamment lancé l'initiative Women leader. L'idée est de mieux équilibrer le rôle des femmes dans l'organisation. Nous avons des passerelles qui fonctionnent bien entre les différents rôles, avec plusieurs femmes directrices d'usine. Malheureusement, il y a un aspect sociologique, lié à notre industrie et également au fait qu'il y ait moins de candidatures.

Pour conclure sur la vente de bateaux, comment voyez-vous l'évolution des prix à venir, après les fortes hausses des dernières années ?

Le niveau des stocks des bateaux d'occasion est assez bas, et le bateau neuf est de retour à un niveau normatif. Le prix de l'occasion est assez haut. Les conséquences structurelles sont dures à prévoir sur le marché. Avec des prix qui ont augmenté de 20 à 25 % et des taux d'intérêt multipliés par 4 ou 5, je m'attends plutôt à une stabilité des prix.

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