A l'occasion de l'International Multihull Show et de la conférence de presse du chantier Privilège Marine, récemment racheté et doté d'un nouveau dirigeant, Gildas Le Masson, le responsable des investissements du groupe PPF, Didier Stoessel a bien voulu répondre à nos questions sur les ambitions de l'investisseur dans le nautisme, alors qu'il est déjà à la barre du fabricant de catamarans Robertson & Caine et des loueurs Dream Yacht Worldwide et Navigare Yachting.
Quel positionnement souhaitez-vous donner à Privilège Marine au sein du marché ?
Nous voulons lui garder son ADN premium. Le chantier construit des voiliers hauturiers de qualité supérieure. Nous aurons évidemment des réflexions sur la diversification, notamment autour des systèmes de propulsion plus écologiques. Nous allons redonner au chantier les moyens de se développer qu'il n'avait plus depuis quelque temps. Cela signifie des capacités de recherche et développement et de bureau d'études. Nous devrions doubler le bureau d'études dans les 6 à 12 mois et pouvoir ainsi travailler sur les nouvelles résines et propulsion notamment. Il faut également s'ouvrir à de nouveaux architectes et designer.
Les moyens de PPF devraient aussi donner accès à un marché encore plus mondial.
Que représente l'investissement de PPF dans Privilège Marine, et au-delà dans le nautisme ?
Ces montants ne sont pas publics. Néanmoins, nous pouvons dire que plusieurs centaines de millions d'euros ont été investis depuis le début. Notre division marine emploie au total 3 500 personnes aujourd'hui. Toutes nos entreprises ont augmenté le nombre de leurs salariés depuis que nous les avons reprises.
Existe-t-il déjà d'autres projets de reprise identifiés dans le nautisme ?
L'appétit pour la plaisance augmente et nous estimons que la croissance dans le secteur dans la prochaine dizaine d'années va être importante. Il s'agit d'un marché mondial. Mais c'est une industrie où tout le monde se connaît. Il faut être respecté et prendre son temps. Si notre chiffre d'affaires dans le nautisme est important pour le secteur, représentant un tiers de celui du groupe Bénéteau ou 2 fois celui de Fountaine-Pajot, il reste modéré pour le groupe PPF. Nous avons une approche lente et méthodique. Le nautisme n'est pas une industrie où on se lève le matin pour choisir quelle entreprise racheter, cela dépend des opportunités présentes.
Comment organiser les différents métiers entre eux au sein de PPF et notamment la location où vous êtes co-actionnaires avec le groupe Bénéteau, votre concurrent dans la construction ?
Comme dans tout marché, c'est le client qui décide. Le charter fait partie de notre écosystème, tout comme nos marinas détenues par PPF à Saint-Martin, aux Seychelles ou en Polynésie, ou en projet comme au British Virgin Islands. Si on a un Privilège et que l'on s'arrête pour un problème pendant son tour du monde dans une base Dream Yacht, on sait que l'on aura un soutien. De même, quand on achète un catamaran, il faut savoir où le mettre au port, le réparer, le louer.
Verra-t-on s'afficher bientôt la marque PPF Marine ?
Nous rachetons des marques déjà fortes et renforçons les marques existantes. La marque ombrelle est intéressante si la position est peu précise, ce qui n'est pas notre cas.
