Des chiffres qui confirment le poids de la filière
Le nautisme et la plaisance regroupent aujourd'hui près de 15 millions de pratiquants en France, dont 4 millions de plaisanciers réguliers. La filière emploie environ 150 000 personnes et s'appuie sur plus de 5 500 entreprises couvrant la construction, la distribution et les services. L'industrie génère plus de 5 milliards d'euros de chiffre d'affaires, tout en exportant 80 % de sa production. La France s'affirme ainsi comme deuxième fabricant mondial de bateaux de plaisance et premier en Europe, avec une position de leader mondial sur la production de voiliers grâce au groupe Bénéteau-Jeanneau.

Plus d'un million de navires de plaisance étaient immatriculés en 2022, dont une majorité de bateaux à moteur de petite taille : 56 % mesurent moins de 5 mètres. Les deux principales régions d'immatriculation sont la Bretagne (25 %) et la région Sud (24 %). La filière s'appuie par ailleurs sur un réseau dense : 473 ports maritimes représentant 252 000 places, 556 bases fluviales et près de 1 000 bases nautiques à terre et en Outre-mer. Chaque année, environ 100 000 permis plaisance sont délivrés, confirmant l'attractivité et la vitalité de la filière.
Trois axes stratégiques

La feuille de route s'articule autour de trois grands volets :
- Transition énergétique et environnementale : elle vise à accélérer la décarbonation de la flotte et des infrastructures. Cela passe par le développement de la propulsion électrique ou hybride, l'utilisation de carburants alternatifs, la certification "ports propres" et la montée en puissance de la filière de déconstruction des navires hors d'usage.
- Attractivité et sécurité : moderniser le permis plaisance, unifier le statut du navire, mieux encadrer les plateformes de location, mais aussi développer l'éducation à la mer et les formations professionnelles figurent parmi les priorités. L'objectif est à la fois d'attirer de nouvelles générations de marins et de sécuriser les pratiques.
- Territoires et pratiques : la feuille de route veut renforcer le rôle des bases nautiques et des ports comme acteurs de l'économie locale, développer l'offre touristique nautique, et mieux concilier zones de protection environnementale et activités de plaisance. Un observatoire national du nautisme sera créé pour suivre l'évolution des usages et anticiper les besoins.
Treize actions prioritaires dès 2025

Sur la trentaine d'actions recensées, treize sont considérées comme prioritaires et doivent être engagées rapidement. Parmi elles : accompagner les constructeurs dans l'analyse du cycle de vie des bateaux, développer un réseau de distribution de carburants alternatifs, moderniser le permis bateau, mettre en place un observatoire du nautisme ou encore soutenir le dynamisme de la filière ultramarine par une fiscalité adaptée.
Un cap commun jusqu'en 2030

Cette feuille de route constitue une déclinaison opérationnelle de la Stratégie nationale mer et littoral 2024-2030. Elle fixe un cap commun à l'État, aux collectivités et aux professionnels du nautisme pour maintenir le leadership mondial de la France dans la plaisance, tout en s'adaptant aux défis environnementaux et sociétaux.
Ce que la feuille de route change pour les plaisanciers
Les ports de plaisance vont être progressivement certifiés "ports propres" et équipés pour accueillir les bateaux électriques ou hybrides. Cela signifie davantage de bornes de recharge et une meilleure gestion des déchets et des eaux usées. Les ZMEL (zones de mouillage et d'équipements légers) vont aussi se développer pour limiter l'impact sur les fonds marins et offrir des alternatives à l'ancrage forain.
Le permis bateau va évoluer pour intégrer de nouveaux volets sur la sécurité et le respect de l'environnement. Les candidats devront se former aux éco-gestes et à la prévention des risques, dans un contexte où la fréquentation en mer s'intensifie.

La feuille de route prévoit un maillage de distribution de carburants décarbonés (comme le HVO – huile végétale hydrotraitée) dans les ports de plaisance. Les bateaux équipés de moteurs thermiques devraient progressivement accéder à ces solutions, en parallèle de l'essor de l'électrique.
Les bases nautiques vont être recensées et mieux soutenues, avec l'objectif de devenir des acteurs clés du développement durable local. Les collectivités seront encouragées à s'appuyer sur ces structures pour promouvoir des pratiques respectueuses de l'environnement et sécurisées.
La réglementation des mouillages sera clarifiée et rendue plus lisible pour les plaisanciers (panneaux, applications comme Donia ou Nav&Co). L'objectif est de protéger les herbiers de posidonie et d'autres habitats marins, tout en préservant la possibilité de naviguer dans des espaces non sensibles.
