La start-up SEAir, spécialisée dans les bateaux volants, vient de collaborer avec le leader de la plaisance, le groupe Bénéteau, pour le développement de son concept boat à foil. Son fondateur Richard Forest et le responsable du bureau d'études, Romain Josset, ont répondu aux questions de BoatIndustry sur le projet.
Comment a débuté la collaboration avec le groupe Bénéteau ?
Richard Forest : Bénéteau est venu nous voir. Ils nous suivaient depuis un moment. Ils avaient essayé le flying RIB il y a un an et demi et avaient été séduits. Ils nous ont consulté sur un premier avant-projet pour nous tester. Puis en mars 2018, ils nous ont reconsulté pour ce projet. On est parti de la feuille blanche tous ensemble avec les 4 entreprises impliquées (NDLR : Bénéteau, SEAir, DEMS pour le design et Noval pour les systèmes mécaniques). Ce qui fait plaisir c'est qu'une grosse maison comme Bénéteau soit la première à avoir compris qu'il faut concevoir le bateau autour du foil.
Comment s'est déroulé le travail ensemble ? Quelle était la prestation de SEAir ?
Romain Josset : Bénéteau nous a présenté le projet que DEMS avait commencé à designer. Nous avons retravaillé pour le placement des foils et l'ingénierie. Nous étions 3 personnes du BE impliquées. Ce qui est agréable, c'est que quand on a un problème, ils arrivent avec 5 solutions.
Richard Forest : On a été bluffé par la capacité d'une grande entreprise comme Béneteau à être agile et rapide. Dans notre prestation, il y a la conception de la fonction vol et la fabrication, la livraison et l'installation des foils, mais aussi la phase de test et de dépouillement qui commence. C'est une confirmation de notre positionnement comme équipementier du foil.

Quels étaient les objectifs techniques fixés par Bénéteau et les choix technologiques, notamment en terme de poids ?
Romain Josset : Le premier objectif était d'avoir un bateau sain, avec des possibilités d'évolution si nécessaire. Comme toujours dans un bateau à foil, on a fait attention au poids. On a un peu poussé Bénéteau dans ses retranchements pour limiter le déplacement. Mais l'enjeu était un rapport poids / prix. Il n'y a pas de carbone ni dans le bateau ni dans les foils. On a choisi des foils avec une âme métallique et un carénage composite, un système similaire aux quilles d'IMOCA, mais courbe. Cela facilite les interfaces mécaniques et limite les coûts.
Pourquoi une coque rigide et non un semi-rigide comme vous l'avez fait jusqu'à maintenant ?
Richard Forest : C'est un choix imposé par Bénéteau. Si SEAir était parti sur le semi-rigide en premier, c'est que je pensais que les clients de ce marché seraient mûrs plus vite pour l'innovation du vol. Au final, c'est parfait, cela confirme que les foils sont polyvalents.
Quels sont les accords entre le groupe Bénéteau et SEAir en terme de propriété intellectuelle et de relation capitalistique ?
Richard Forest : Toute la conception du vol est propriété industrielle de SEAir. C'est protégé dans le contrat et je pense que les 2 parties ont intérêt à ce que cela continue comme cela. En terme capitalistique, il n'y a aucun lien.
Travaillez-vous sur d'autres projets avec d'autres chantiers ? Quand pensez-vous que l'on passera du concept boat à la grande production ?
Richard Forest : Il y a d'autres marques intéressées avec lesquelles nous discutons pour des bateaux directement destinés à des clients. En revanche, avant le bateau de M. Tout Le Monde, je pense qu 10 ans sont raisonnables, peut-être moins. Le nautisme a une histoire et il lui faut du temps pour s'adapter.