Changements de générations dans l'industrie nautique : Témoignages de jeunes dirigeants

Alors que l'industrie nautique, tant dans ses clients que ses entrepreneurs, fait face à un changement générationnel, de jeunes entrepreneurs témoignent de leur expérience de transmission d'entreprise et des enjeux pour rajeunir la plaisance.

A l'occasion du Boot Düsseldorf 2024, l'organisation, associée à EBI - European Boating Industry - tenait un petit-déjeuner conférence autour de la transmission et des nouvelles générations dans le nautisme. Une opportunité d'entendre le témoignage de nouvelles figures de la plaisance.

Transmission des entreprises du nautisme

Première grande intervenante, Giovanna Vitelli, PDG du groupe Azimut Benetti depuis février 2023, témoignait de la position parfois délicate de "fille de". Succédant à son père Paolo Vitelli, créateur d'Azimut en 1969 comme société de charter, lui passant finalement la main à la tête d'un poids lourd devenu numéro 1 du Mégayacht. Formée en droit et devenue avocate spécialisée en fusion acquisition, elle a renoncé à un projet professionnel américain pour revenir prendre la tête du chantier naval. Elle explique sa vision de la transmission et de l'évolution des entreprises familiales : "Je suis contente d'avoir eu une vie d'avant, car il est difficile d'être la "La difficulté est l'attente que l'on a pour soi-même et de la part des employés.". Cela aide à avoir quelque chose sur lequel s'appuyer. Il faut aussi de bonnes relations avec son père. Le défi pour une entreprise familiale est aujourd'hui de rester familial et connecté au business. On doit être une entreprise privée avec une vision d'entreprise cotée, en alliant le long terme de la famille et des partenariats stratégiques longs.

Giovanna Vitelli
Giovanna Vitelli

Ana Calic, qui a repris la société de distribution d'équipement de sa mère, Navela, abonde : "Il faut une organisation mixte, avec des experts de l'industrie et des professionnels venus de l'extérieur avec une grande expérience. Cela passe aussi par les formations internes. Nous en avons dispensé 144 000 heures dans le groupe cette année. Nous faisons aussi naviguer nos employés."

De nouvelles organisations

Chacun des intervenants souligne le besoin de repenser le mode de fonctionnement des entreprises, en important des méthodes de gestion externe au monde de la plaisance. Giovanna Vitelli précise : "Au départ, je voulais tout changer, mais c'était une mauvaise idée. Il faut faire les choses doucement. Quand on change le logiciel de gestion du stock du magasin, il faut en montrer l'intérêt, pas l'imposer."

Furkan Carkci à la tête du chantier turc Curkci Deizcilik, souligne l'importance de faire partager les évolutions : "Nous avons un atout : nos jobs sont sexy, en bord de mer. Evidemment, il faut les payer comme il faut, mais la difficulté est aussi qu'ils sont sur les temps de loisir, et la jeune génération a du mal à donner ce temps de loisir."

Pour Maarten Desloovere, à la tête du port de plaisance de Vlaamse Yachtaven Nieuwpoort, l'enjeu est aussi d'attirer les nouveaux salariés : "Cela nous permet d'attirer d'autres clients que l'habituel WASP"

Vlaamse Yachthaven Nieuwpoort
Vlaamse Yachthaven Nieuwpoort

Convaincre une nouvelle génération de clients

La transition doit aussi être celle de la génération de clients. Pour cela, la plaisance dit aussi adapter offre et discours soulignent tous les intervenants. Chez Azimut, l'âge moyen du client a baissé de 10 ans en 10 ans, désormais à 35 ans. Il s'agit de clients réguliers du luxe. Le changement vient aussi par le bateau d'occasion, indique Markus Boesch du chantier familial suisse Boesch Boats : "Qu'il s'agisse d'une mode ou pas chez nos clients, nous avons le devoir de pousser des solutions. Comme la consommation de carburant pour les voitures, il faut une méthode transparente pour les bateaux, c'est pourquoi nous avons poussé le Sea Index lancé avec le Yacht Club de Monaco. Cela permettra d'apporter de la crédibilité au secteur.".

L'attention pour l'environnement est importante, souligne Giovanna Vitelli : "On doit adapter l'offre selon les générations de clients. Notre défi comme jeunes leaders est aussi de comprendre l'ancienne génération de clients qui reste là."

Furkan Carkci explique : "Comme l'ont fait nos parents en passant du fax à internet, il faut rester flexible. Nous changeons de modèles avec des clients qui ne resteront pas toute leur vie dans une marina, mais des jeunes qu'il faut attirer pour une semaine afin qu'ils reviennent plus tard."

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