Le nautisme, un laboratoire du biocomposite pour l'industrie

Kairos au JEC Composites

L'entreprise Kaïros, fondée par Roland Jourdain, travaille sur les bio-composites depuis plusieurs années. Si le nautisme lui ouvre les portes de l'industrie, les projets liés à la mer y restent nombreux.

Un skipper écolo

Kaïros a d'abord été fondé pour gérer les aspects techniques et financiers de la carrière de Roland Jourdain comme skipper professionnel. Conscient des enjeux écologiques, il a souhaité travailler à rendre son sport plus respectueux de l'environnement. Après une analyse complète du cycle de vie des bateaux, les matériaux lui sont apparus comme l'élément crucial. Kaïros est ainsi devenu un bureau d'études spécialisé dans la R&D sur les matériaux biocomposites.

Le trimaran Gwalaz comme 1ère vitrine

Contactés pour le projet Lost in The Swell, Kaïros a travaillé avec le chantier naval Tricat pour réaliser un trimaran en fibres de lin. Le bateau, qui a servi de support pour un reportage sur le surf, a permis d'apporter une première preuve des qualités du lin (Lire : Lost in the swell et les crocodiles des îles Salomon).

Le trimaran Gwalaz

Diversification

Le savoir-faire acquis dans le nautisme intéresse d'autres industries. Lorsque nous les avons rencontrés sur le JEC, Kaïros était à l'écoute d'autres secteurs, où les évolutions réglementaires forcent à faire évoluer les matériaux. Les techniques, validées sur les bateaux, sont transposables à l'industrie. Kaïros travaille en ce moment sur de grands panneaux de biocomposites, entièrement recyclables et biosourcés, pour remplacer le carton dans le domaine de la publicité sur les lieux de vente.

Nouveaux développements

Le bureau d'études réfléchit actuellement avec les tisseurs de lin sur de nouveaux tissus dont l'armure permettrait d'améliorer les performances mécaniques. Il s'intéresse également à l'orientation des fibres de lin en injection.

Comme de nombreux professionnels rencontrés sur le JEC, Kaïros travaille également sur l'utilisation de résines thermoplastiques, renforcées avec du lin, en remplacement des solutions thermodurcissables, plus couramment utilisées dans le nautisme. Bien évidemment, celles-ci seront biosourcées. Des études sont en cours avec l'Université de Bretagne Sud et l'Ifremer. Entièrement biodégradable, le nouveau matériau, d'une durée de vie de 40j dans l'eau, pourrait être utilisé pour des bouées temporaires.

Au delà des développements en cours, les membres du bureau d'études avouent une bel objectif à long terme, un foiler tout en lin...

La vitrine Kairos au JEC Composites

Démarche industrielle

Tous les projets de Kaïros sont menés dans l'optique d'une application industrielle. La mise en œuvre des produits est réfléchie et l'aspect économique est pris en compte. Et celui-ci évolue dans le bon sens. Le bureau réalise régulièrement pour des chantiers navals des comparatifs technico-économiques entre le lin et la fibre de verre pour la production de leurs bateaux.

"En 2013, le Gwalaz coûtait 15% plus cher en fibres de lin qu'en fibre de verre. Aujourd'hui, la différence a déjà baissé.." affirme Erwan Grossmann, responsable du bureau d'études. Une conclusion pleine d'espoir.

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