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Recycler les bateaux par pyrolyse en autonomie d'énergie
Dans le dossier de la déconstruction des bateaux de plaisance, le traitement des composites reste la partie la plus complexe. En effet, les aménagements en bois, les équipements électroniques ou les métaux disposent de filières développées en dehors du nautisme et leur gestion est plus maîtrisée. Or les composites utilisés dans la plaisance, en général thermodurcissables sont actuellement broyés pour être brûlés ou entreposés, une solution insatisfaisante.
Parmi les divers industriels planchant sur la question, le Suisse Composite Recycling, présentait au Nautic 2022 sa technologie basée sur les principes de la pyrolyse, comme l'expose Guillaume Perben, cofondateur de l'entreprise. "C'est le principe de la pyrolyse connue pour les fours. La coque du bateau est coupée en plaques de 1,5 à 2 mètres de long pour 1 mètre de large. On chauffe ensuite sans oxygène, entre 400 et 500°C, contre 1200° pour produire la fibre de verre. Le gaz produit est brûlé pour chauffer le four. En traitant 100 kg de composite, on produit 10 kg de gaz et l'on n'en consomme que 7. On stocke le reste pour démarrer le four à la chauffe suivante. A côté, on récupère l'huile de pyrolyse et des fibres."
Des fibres réutilisables
Adapté à toutes les résines thermodurcissables, comme les polyester, vinylester et époxy, le procédé fonctionne aussi avec le PVC, sous réserve de bien en connaître la quantité pour récolter l'acide chlorhydrique qu'il libère. Au-delà de l'huile de pyrolyse, recherchée dans l'industrie chimique, son intérêt principal est de récupérer des fibres longues utilisables pour de nouvelles pièces composites. Guillaume Perben explique : "Notre réflexion est partie du constat que les pyrolyses étaient toujours faites après broyage, donc en perdant la fibre. Ici, en commençant par découper des pièces longues à mettre dans le four, on arrive à récupérer les fibres. Après nettoyage, elles peuvent être réutilisées et conservent 95% de leurs propriétés mécaniques."
Des unités mobiles pour les sites de l'APER
A l'occasion du Nautic 2022, l'APER, organisme en charge de la déconstruction des bateaux de plaisance en France, a signé avec Composite Recycling un accord pour le développement d'unités conteneurisées et mobiles de pyrolyse. Tournant sur les différents sites du réseau APER, elles simplifieront la logistique, en évitant le transfert de bateau et en offrant une alternative plus durable que la simple "valorisation énergétique"
La première unité pour valider le concept est attendue fin 2023. Sa capacité projetée est de 2 tonnes de déchets traitées par jour. Composite Recycling et l'APER ont un objectif de 12 conteneurs, sans compter l'important vivier de recyclage lié aux chutes de production.