Interview / Grand Large Yachting : "La filière grande croisière est regardée par les investisseurs"

Stephan Constance, président du groupe Grand Large Yachting, fait le point sur l'année 2023 et les perspectives du spécialiste français du bateau de voyage, à l'heure où il fait entrer de nouveaux investisseurs.

Grand Large Yachting (GLY), à la tête de 6 marques de voiliers (Allures, Outremer, Garcia, Gunboat, RM Yachts et ORC), a fêté ses 20 ans en 2023, entre rachat du chantier Marsaudon Composites et arrivée de nouveaux actionnaires, les fonds Raise Invest, Epopée gestion et iXO PE. Son président, Stephan Constance, évoque les projets du leader français de la grande croisière.

Quels ont été les éléments marquants de 2023 pour Grand Large Yachting et la filière ?

2023 a été une année charnière pour le marché du nautisme, avec une normalisation des ventes. On a vu la différence entre le marché de la grande croisière et les chantiers mainstream. Dans notre cas, la demande est soutenue, voire supérieure à l'offre, contrairement à la grande production.

Pour GLY c'est une année excitante avec beaucoup de croissance, de nouveaux bâtiments et des embauches, près de 200 par ans les deux dernières années. On est passé de 500 à 750 en 2022 et de 750 à quasi 950 sur l'exercice en cours. Cela nécessite de l'organisation et de faire feu de tous bois pour recruter. Le marché n'est pas que le bateau. Nous développons l'offre produit, mais aussi de services et de formation, en animant la période d'attente du bateau pour que les clients se projettent le plus sereinement dans leurs futurs voyages.

Nef Marsaudon
Nef Marsaudon

Il y a clairement eu un effet Marsaudon avec la reprise du chantier en septembre 2023 et l'intégration de 60 personnes avec leurs compétences composites et une infrastructure dans les nefs de Lorient intéressante pour la fabrication de catamarans. L'ORC est un concept produit qui rentre bien dans notre stratégie du "collier de perles" : ajouter des chantiers qui sont des perles de la grande croisière à notre collier, avec un concept bien identifié, une marque bien comprise.

A la Grande Motte, il y a eu de beaux investissements et transferts, avec une modernisation du chantier qui s'est poursuivi. Quant au pôle normand, il a aussi une forte croissance, avec un doublement en 2-3 ans et un déplacement vers les grandes tailles. Là où l'on faisait surtout des 45 pieds et un ou deux 50 pieds, on fait désormais surtout des 50 pieds et l'on a du suspendre le 40 pieds. Le nouveau bâtiment des grandes unités est pleinement opérationnel depuis septembre 2022.

Quel est l'objectif de faire entrer de nouveaux investisseurs chez GLY ?

On a vu récemment quelques opérations de reprise de chantiers, avec la cession de Boréal et la reprise d'Alubat. Cela montre l'intérêt de la filière grande croisière, et c'est une bonne nouvelle que la filière soit regardée par les investisseurs privés et institutionnels.

Avec près de 1 000 salariés, GLY est arrivé à une taille où l'on a besoin de personnes pour nous challenger. En faisant entrer Raise Invest, ils apportent une culture financière, de la méthode, des contacts et des capacités financières. Ils peuvent nous épauler pour des sujets transverses comme la RSE, avec l'expérience de leurs différentes participations. Les fonds locaux sont importants car nous sommes très implantés dans le territoire.

Catamarans Outremer
Catamarans Outremer

Enfin cela permet de renforcer la gouvernance et d'institutionnaliser les prises de décision. Si l'on a besoin de fonds pour de la croissance externe, ils sont ainsi en confiance, nous connaissent et peuvent nous accompagner.

Quelle est la stratégie de ce point de vue en 2024 ? Quels sont les leviers internes et externes ?

Nous avons un plan de croissance organique de + 80 % en 5 ans. Si une nouvelle perle se présente à racheter, on la regardera, et nous recevons les dossiers car nous sommes identifiés comme acheteurs potentiellement intéressés. Mais cela ne fait pas partie de la thèse d'investissement, uniquement basée sur la croissance organique.

Du côté de Marsaudon, la priorité est d'atteindre le point mort le plus vite possible, avec une gamme à repositionner. C'est long. Il faut généralement 3 à 5 ans pour éponger des pertes. Faire des Outremer 45 à Lorient apporte immédiatement de l'activité ce qui permet de faire travailler 60 salariés, là où avec seulement ORC, il aurait fallu n'en garder que 20.

Du côté du pôle monocoque, alors que le marché macro-économique est moins favorable que pour le multicoque, cela se porte bien chez GLY. Nous avions prévu 24 voiliers en 2024 dans le plan de reprise de RM et l'on devrait en faire 30. RM ne perd plus d'argent.

RM désormais à l'équilibre
RM désormais à l'équilibre

Quant au catamaran, le marché continue de tracter la demande. On a atteint un bon équilibre catamaran-monocoque.

Pour nos autres sociétés comme Griffon ou Shoreteam, il y a une belle activité, où nous continuons de travailler pour nos confrères. Cela permet de rester au courant des prix et innovations du marché. Ainsi Shoreteam a réalisé des pièces pour le cargo à voile Canopée. Griffon a presque doublé ses bâtiments.

En conclusion, le chiffre d'affaires de GLY est passé de 99M€ en 2022 à 123 M€ en 2023, et devrait continuer à croître. Pour cela, nous allons poursuivre nos recrutements en 2024.

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