3 questions à Julien Lebas, maître de port du Havre, perpectives et développement

Entre ambitions nautiques, contraintes d'infrastructure et souvenirs marquants, le port du Havre trace sa route. Julien Lebas, maître de port, revient sur les enjeux du développement local, les attentes des plaisanciers, et l'incroyable escale d'un voilier centenaire oublié en vasière aux États-Unis.

Quels sont les objectifs de développement du port ? Quels sont les contraintes perçues au développement de la plaisance pour le responsable du port, par les usagers et par le retour qu'ils peuvent en faire ?

Au niveau du Havre et de son développement sur la partie port de plaisance nautique. En 2012, il y a eu Port Vauban qui a été ouvert. En 2014, la nouvelle zone technique de l'ESCO. Ensuite, en 2018-2019, on a eu un programme de remplacement de l'ensemble des pontons. Pour les années à venir, le développement va porter sur la sensibilisation des plaisanciers, en continuant à fidéliser nos clients par des actions d'accompagnement. C'est une politique que l'on veut plus forte.

Côté régate, la Transat Café l'Or a vu naître des projets Class40 qui se structurent. Cela verra sans doute l'émergence d'un pôle course au large au Havre, qui devrait se faire prochainement. Cela va ramener de la compétence technique en électronique, en stratification et dans tous les différents sujets qui peuvent intéresser la plaisance. En effet, s'il fallait parler de choses à améliorer sur le site du Havre, ce serait de noter un léger manque de services aux plaisanciers en termes techniques : motoristes, gréements, stratification… Nous avons un chantier, mais qui est seul actuellement. Il y a aussi deux professionnels sur la zone de l'ESCO qui font ce genre de prestations-là. Cela crée beaucoup de délais en saison. Il y aurait peut-être de la place pour différentes compétences.

La ville peut elle apporter un soutien, une ouverture, une dynamique ? En proposant des terrains notamment ?

La communauté urbaine et la ville du Havre, en créant la zone de l'ESCO, a mis de l'espace à disposition. On a des professionnels qui s'y sont installés, mais il faut continuer à promouvoir cette zone-là. Sans doute aussi aux professionnels de se manifester et montrer leur intérêt pour le Havre. Il y a un gros potentiel pour des entreprises de s'installer ici. Quelque soit les compétences : de la maintenance, du carénage, de l'électronique, du gréement… On a des gens qui sont déjà sur place, qui travaillent bien. Mais il faut que la ville continue à agir pour accueillir ses pros et leur donner de la place.

Auriez-vous des anecdotes, des moments marquants, à partager avec nos lecteurs ?

Tout au long de la saison, des moments marquants ou des anecdotes, on en a beaucoup. On pourrait écrire un bouquin, je pense ! Evidemment, être ville départ de la Transat Café l'Or, c'est toujours un moment très marquant pour nous.

Parmi les bateaux un peu particuliers passés au Havre, l'hiver 2024/25, on a eu un Class J qui est arrivé des États-Unis via un porte-conteneur. Avec des lignes commerciales qui arrivent ici au Havre, on a pas mal de bateaux qui partent du port à l'export. On accueille notamment des Fontaines Pajot, des Lagoons… Tout au long de l'année ils viennent sur les pontons et ensuite embarquent sur des cargos.

Mais on a également des bateaux qui arrivent. Cette hiver, on a eu un voilier destiné à être refité en Bretagne. Il a pris une ligne commerciale pour arriver au Havre et a été déchargé chez nous. C'est un bateau assez exceptionnel. Un voilier comme on les voit sur les Régates Royales. Mais là, il était vraiment en mauvais état. Ce bateau a passé de nombreuses années aux États-Unis dans une vasière. Un ancien voilier en bois traditionnel. Un prototype d'entraînement pour la Coupe de l'América au début du 20e siècle. Il ne devait rester que quelques semaines sur notre quai. Le temps du déchargement et de laisser passer la périodes des fêtes de Noël. En effet, avec les guirlandes, les transports exceptionnels ne peuvent pas convoyer par la route avec un bateau aussi haut.

Mais l'escale a duré, car le ber qui tenait la structure de la coque, une grosse structure en acier pour ne pas que la coque s'ouvre en deux pendant le transport, était un peu trop haut, de quelques dizaines de centimètres.

Il a fallu donc décharger le bateau une première fois pour couper le ber, avant de le remettre dedans. Puis faire venir une remorque de Hollande surbaissée, mais qui, finalement, était encore trop haute. Elle a dû repartir.Il a fallu ensuite couper une partie du poste de barre pour gagner encore quelques centimètres…

C'est un dossier qui a duré plus que prévu. Mais ce joli bateau en attente de refit, était là sous nos yeux tous les jours. On se disait, mais quand va-t-il partir ? Et je pense que ce sera sympa de le revoir naviguer dans quelques années sur des photos ou dans des revues… Parce que ce bateau-là, il est passé chez nous et nous a fait avoir des petites suées !

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80Place visiteur sur ponton
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