Bénéteau : Débrayage sur fond de points de blocage dans les négociations avec les syndicats

Siège du chantier naval Bénéteau

Les négociations autour du plan de sauvegarde de l'emploi au sein du groupe Bénéteau se poursuivent. Après un 1er débrayage spontané à l'usine de Challans, Emmanuel Landreau, représentant syndical CFDT, et la direction du leader vendéen de la plaisance nous donnent leur vision du processus et des points de blocage.

1er débrayage dans l'usine Bénéteau de Challans

La direction du groupe Bénéteau a présenté début septembre 2020 sa politique industrielle pour faire face à la crise du marché du nautisme et aux conséquences de la pandémie de Covid-19. Elle annonçait alors la mise en place de négociations pour des plans de sauvegarde de l'emploi (PSE) et la fermeture de 4 usines dans le monde. Alors que les discussions s'avèrent complexes au dire des syndicats, l'usine de Challans en Vendée a connu un 1er débrayage mardi 1er décembre. "Nous avons distribué un tract aux salariés indiquant que si la direction ne réagissait pas nous envisagions des débrayages, mais ils n'ont pas attendu et débrayé le jour même." explique Emmanuel Landreau, élu syndical CFDT chez SPBI, la filiale de production regroupant les usines vendéennes du groupe Bénéteau.

Usine Bénéteau
Usine Bénéteau

3 points de blocages avec la direction du groupe Bénéteau

Le plan proposé par la direction du groupe Bénéteau prévoit la fermeture d'usines et la mobilité de ses ouvriers de production vers d'autres sites. Certains postes de main d'œuvre indirecte sont supprimés. Pour le responsable syndical, les conditions proposées aux salariés touchés ne sont pas satisfaisantes, alors que les conséquences de la crise semblent plus faibles qu'anticipées dans la plaisance. "Pour nous, il y avait une volonté de réorganisation déjà avant le Covid-19. En plus, les chiffres sont plutôt meilleures que les prévisions en début de crise. On sauve assez bien les meubles. Alors, même si des choses avancent, la négociation est difficile, notamment autour de l'indemnité de licenciement supra-légale, l'indemnité de reclassement rapide. La direction répond de façon tellement minime et certaines choses sont très loin de ce qui se fait dans les autres plans sociaux. Le groupe a les reins solides et a besoin des salariés pour continuer la production. S'ils partent, il devra recourir à des intérimaires qu'il faudra former" précise Emmanuel Landreau.

Si elle confirme les sujets en discussion pour lesquels la négociation reste ouverte, la direction réfute utiliser le Covid-19 comme alibi pour son plan social. Elle évoque une coïncidence de deux communications en septembre 2020 : celle du plan stratégique sur 5 ans Let's Go Beyond, prévu au printemps mais reporté et ajusté suite au Covid, et celle des mesures d'adaptation nécessaires des capacités productives face à la crise. Elle précise que la baisse de l'activité Bateau en Vendée est de l'ordre de 30 à 35%, ce qui a nécessité de regrouper la production.

Un accord a été trouvé sur la prime de mobilité interne, 3ème point de blocage, particulièrement prégnant au sein de l'usine de Challans. Pour les ouvriers dont l'usine ferme, dans l'obligation de travailler sur un autre site, elle ira de 1000€ à 6400€ brut suivant l'éloignement du poste de travail.

Usine Bénéteau
Usine Bénéteau

Calendrier hâtif pour les syndicats

Les réunions entre la direction et les syndicats s'enchaînent sur un rythme de 3 par semaines pour aller au bout du processus. Le but est d'amener de la visibilité sur les conditions pratiques et économiques aux collaborateurs devant se positionner en terme de mobilité ou de départ volontaire indique la responsable de la communication du groupe. L'empressement de la direction à boucler le dossier semble excessif au représentant CFDT. "Aujourd'hui on se bouscule pour finir avant la fin de l'année, mais rien n'est prêt.La négociation a lieu dans toutes les branches du groupe, CNB, SPBI, la division Habitat. Chacune a ses spécificités. Jérôme de Metz voulait probablement démarrer le nouvel exercice sur une base propre, mais la situation actuelle ne justifie pas l'urgence et l'ampleur du plan" conclut-il.

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