Point de vue / Retour sur l'année 2018 : Equipements, entre bateau électrique et gros hors-bord

Les changements dans l'équipement nautique en 2018

Entre propulsion électrique, accastillage textile, électronique, bateau connecté et gros moteurs hors-bords, BoatIndustry revient sur les grandes tendances 2018 et les événements industriels marquants de la vie des équipementiers de la plaisance et de leurs réseaux de distribution.

La plaisance de demain passe par une évolution des équipements du bateau. Les professionnels l'ont bien compris. Ils y ont travaillé dans tous les secteurs du nautisme en 2018, à travers de nouveaux produits et des rapprochements industriels afin d'augmenter leurs capacités de développement.

Motorisation marine, de l'électrique aux hors-bord surpuissants

Quel moteur et quelle énergie pour faire avancer le bateau de demain ? La question est au cœur de l'évolution de la plaisance. Force est de constater que deux chemins semblent privilégiés. La première tendance est l'émergence de moteurs hors-bord toujours plus puissants. Le nouveau V8 de Mercury atteint 400 CV, tandis que Yamaha affiche 425 CV et Suzuki 350 CV. Au-delà de l'affichage d'une grosse cylindrée qui satisfait certains plaisanciers, ces nouveaux modèles permettent aux constructeurs de proposer une motorisation hors-bord sur des bateaux de taille toujours plus grande, avec un gain en terme de facilité de maintenance.

L'enjeu écologique et la réglementation de certains plans d'eau poussent également au développement des bateaux électriques. 2018 a vu le rachat du leader allemand des moteurs électriques pour la plaisance, Torqeedo, par le groupe Deutz, motoriste traditionnel. Le mastodonte suédois Volvo Penta a exposé sa stratégie pour offrir des moteurs hybrides en 2021, tandis que le finlandais Oceanvolt lançait la fabrication de ses propre batteries. Du côté français, Watt&Sea, spécialiste des hydrogénérateurs, lançait son pod saildrive pour la propulsion de petites unités.

Le dieseliste Yanmar a revu son réseau en France, reprenant une distribution directe, après une longue collaboration avec Fenwick.

Electronique et voilerie vers le bateau connecté

Si le bateau autonome fait couler beaucoup d'encre et de salive, il nécessite encore quelques pré-requis techniques. Ces briques technologiques manquantes intéressent les professionnels qui investissent pour le développement. Les rachats par les poids-lourds de l'électronique marine des start-up et ETI de la cartographie et de la domotique en témoignent. On a ainsi vu en 2018 Navico fusionner avec les cartographies C-Map, alors que Garmin avait racheté Navionics en octobre 2017. Du côté de la domotique et du bateau connecté, Garmin s'est offert Trigentic, tandis que Navico a fait l'acquisition de Yacht Defined.

Cela fait longtemps que l'on connaît les heures moteurs d'un bateau. On connaît moins facilement la vie des voiles, mais leur instrumentation est en cours. Tandis que One Sails incorpore des puces dans ses membranes, Spinlock propose désormais aux maître-voiliers de coudre un boîtier mesurant les paramètres de vie de la voile. Du côté économique, le mariage des voileries Incidence et Delta Voiles renforce leur place dans le paysage français.

Accastillage : textile et offres complètes

Le monde de l'accastillage a continué de se structurer en 2018. Les winches 4 vitesses Pontos ont intégré l'équipementier normand Karver, complétant son offre de plan de pont. De même, le groupe Wichard a fait l'acquisition des mâts carbone Lorima, s'ajoutant à ses espars aluminium Sparcraft, ses manilles et ses enrouleurs Facnor et Profurl. Les fournisseurs souhaitent proposer aux chantiers navals une offre cohérente, large et unique.

Les manilles textiles et divers équipements en fibres à haute résistance continuent leur diversification. Nodus Factory a levé des fonds important, tandis qu'Ino-Rope s'est installé dans de nouveaux locaux.

Le vêtement de mer dans la tourmente

Si Gill vient d'annoncer des investissements, les marques de textile spécialisées dans le vêtement de mer ont souffert en 2018. L'année a été marquée par le rachat de Musto par Helly Hansen qui a lui-même changé de propriétaire. Henri Lloyd a frôlé la disparition et a finalement retrouvé un repreneur partiel. La pression des marques distributeurs, à l'image de Décathlon qui devrait investir dans un nouveau centre de R&D, n'y est probablement pas étranger.

Antifouling, une évolution nécessaire

Le changement de réglementation sur les biocides a marqué la rentrée 2018. S'il a obligé des fournisseurs a changer formulations et packaging, ce n'est qu'une étape dans la nécessaire évolution de la protection des coques de bateau contre les salissures. L'offre de films silicones à poser se développe, tandis que la recherche se poursuit, à l'image de celle d'Akzo Nobel sur l'usage de mini-lampes UV.

Foils, le nouvel appendice

On en parle partout comme du renouveau de la plaisance : le foil. C'est finalement un équipement de plus à bord. Des équipementiers spécialisés ont vu le jour. Sa démocratisation arrive par le monde de la glisse et des engins de plage, qui a fait émerger des spécialistes à l'image de Loke Foils ou Foil and Co. D'autres acteurs venus de la course au large, à l'image d'Avel Robotics apportent des technologies de fabrication additive de pointe. A cela s'ajoutent des intégrateurs comme Seair qui souhaitent proposer " l'équipement foil " à installer à bord. Le contrôle du vol implique également les électroniciens. Une filière entière a accéléré sa construction en 2018.

Distribution, entre poids-lourd et proximité

Comment faire passer l'équipement du fabricant au chantier naval ? Le modèle de distribution classique reste fort, d'autres émergent. Le leader français Alliance Marine a poursuivi son développement à l'étranger avec l'acquisition de Forniture Nautiche Italiane en Italie et 3SI au Royaume-Uni. Le groupe Lalizas a racheté plusieurs marques d'équipements pyrotechniques et d'accastillage. Face à un système très concentré, de nouveaux acteurs tentent une entrée, à l'image de Marine Mobile Diffusion qui veut trouver une autre façon de travailler.

Les magasins d'accastillage grand public ont poursuivi leur mue nécessaire vers une plus grande digitalisation et particulièrement les offres de retrait en boutique après commande sur le site internet. La recherche de nouveaux canaux d'accès au plaisancier est illustrée par le choix de BigShip de faire l'impasse sur le Nautic pour reporter son budget vers d'autres actions en magasin.

2018 aura été marqué par une transition digitale et écologique dans le monde des équipementiers nautiques qui doit désormais trouver sa concrétisation sur les bateaux.

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